Afflux de Cisticoles des joncs
À gauche, la distribution des données par années (Vogelwarte). À droite, Cisticole des joncs dans la plaine de l’Aire, 15.11.2020. Photo : Pascal Marti
La Cisticole des joncs (Cisticola juncidis) est une petite fauvette des zones humides peuplées de joncs, de roseaux ou encore des prairies herbacées. De par son régime alimentaire insectivore et ses mœurs sédentaires, cette espèce semble dépendante à la température moyenne de l’hiver qui ne doit pas être trop basse (Maumary et al., 2007). Par conséquent, la Cisticole a déjà colonisé plusieurs fois le nord de son aire de répartition traditionnelle (le sud de l’Europe)mais en a été repoussée à plusieurs reprises par les hivers les plus rigoureux (Maumary et al., 2007). Il est attendu que son aire de répartition s’étende dans le contexte du réchauffement climatique.
Les événements de colonisation de cette espèce sont également perceptibles depuis notre pays lorsque les hivers sont particulièrement doux. En Suisse, la première observation de ce passereau date de 1972 et la première nidification documentée remonte à 1975 (Gilliéron, 1976). Sur le graphique ci-dessous qui résume le nombre de données homologuées par année en Suisse (Vogelwarte, 2020), les pics d’observations au milieu d’années creuses illustrent la succession des phénomènes de colonisation entrecoupés de disparitions. Le dernier afflux se déroule actuellement et depuis 2019. L’année passée, 5 cas de nidification (5ème - 9ème preuves de nidification en Suisse, Maumary 2020, Nos Oiseaux) ont été documentés dans le Chablais (Grangettes VD et Vionnaz VS). Cette année, plusieurs chanteurs ont été signalés aux Grangettes, Chablais de Cudrefin, Robenhauserriet (ZH), Flachsee (AG), Gwattlischenmoos (BE) (Vogelwarte, 2020, Bulletin SI 293).
Évidemment, le canton de Genève ne déroge pas à la règle. Un (ou plusieurs ?) chanteur a séjourné à Sionnet du 23 mai au 16 juin 2020. Sur le même site, B. Guibert et J.-E. Liberek observent une Cisticole le 25 octobre. Finalement, du 7 au 22 novembre au moins (consultation d’ornitho.ch le 23.11.2020), deux individus sont observés dans la plaine de l’Aire.
Dans le contexte du réchauffement climatique et quand on sait que de l’autre côté du lac Léman, le Gros Brasset (Grangettes VD) est le lieu de reproduction le plus régulier de Suisse (Maumary 2020, Nos Oiseaux), on peut aisément imaginer une nidification potentielle à Genève dans le futur. À vos jumelles !