Champagne genevoise et la réserve naturelle de Laconnex

Avully, Avusy, Laconnex, Soral GE, 489-492 /111-113, 440 m

 

À la pointe sud-ouest de notre pays s’étend sur une vingtaine de kilomètres carrés la Champagne genevoise. Caractérisée par ses cultures céréalières et son vignoble sur sol pauvre, elle comporte aussi des structures diversifiées comprenant haies buissonnantes et arborées ainsi que bosquets et vergers.

Friche dans la réserve naturelle de Laconnex - Photo : A. Barbalat

Le cœur de ce secteur, situé entre Laconnex, Soral et Avully, présente deux particularités au niveau des habitats naturels. Premièrement, diverses parcelles sont depuis longtemps exploitées pour l’extraction de gravier. En dehors des impacts que ces gravières présentent pour la nature, elles possèdent tout de même l’avantage de reconstituer artificiellement des milieux pionniers aujourd’hui majoritairement disparus de nos cours d’eau, et d’accueillir tout un panel d’espèces liées à ces zones dénudées, notamment l’Hirondelle de rivage et le Petit Gravelot. Deuxièmement, le secteur de Derrière-Forestal a accueilli, durant de nombreuses années, un programme de renforcement de population de la Perdrix grise mené par la Station ornithologique suisse. Même si l’espèce n’a pas pu être sauvée, ce projet a permis, avec la collaboration des agriculteurs, de mettre en place des habitats favorables à l’avifaune nicheuse (bandes-abris, haies), qui abritent aujourd’hui de belles populations d’espèces typiques des zones agricoles.

Les secteurs les plus intéressants pour l’avifaune sont difficiles à définir, car toutes les parcelles peuvent abriter leur lot de surprise, en toutes saisons. Lors de votre passage, pensez à visiter, depuis les chemins officiels évidemment, la région des Allues, Champ Courbe et Derrière-Forestal, Champ Grillet, Champs Pointus et Ferrage.

En fonction de votre temps, il peut être intéressant de faire un passage à la réserve naturelle de Laconnex ou à celle de la Feuillée (plus à l’est, près de la frontière). La première est une zone humide intéressante qui a toutefois le désavantage de ne pas proposer de point de vue dégagé. C’est en période de migration que le secteur réserve ses plus belles surprises. Tant au printemps qu’à l’automne, la zone agricole s’avère notamment propice à l’observation des passereaux, dont les Tariers pâtre et des prés, le Traquet motteux, la Bergeronnette printanière, les diverses alouettes (dont la Calandrelle) ainsi que cinq espèces de pipits. Il est aussi possible de rencontrer la Tourterelle des bois (qui forme de petits rassemblements en fin d’été) la Huppe, le Torcol ou quelques Bruants ortolans de passage. Lors des bonnes années, des Faucons kobez font escale dans le coin, pour le plus grand bonheur des ornithologues. L’Œdicnème criard a aussi été observé à plusieurs reprises. Lorsque les champs sont inondés, quelques limicoles font une courte halte, augmentant fortement l’attrait du site (notamment aux Allues). Il est alors possible d’observer le Vanneau huppé, le Combattant, le Petit Gravelot ou encore les Chevaliers aboyeur, arlequin, culblanc, gambette ou sylvain. La Spatule a même déjà été notée.

Lors des périodes de labour, les laridés peuvent former d’importants groupes dans les champs et il est possible, parmi eux, de repérer le Goéland brun, le cendré ainsi que la Mouette mélanocéphale. À titre exceptionnel, le Goéland pontique et la Mouette tridactyle ont déjà été vus dans la région de Ferrage. À la réserve de Laconnex, la zone humide offre un site d’escale apprécié par la Bécassine des marais, la Rémiz, le Phragmite des joncs, le Héron pourpré et le Bihoreau gris. Tous sont de passage régulier, mais restent discrets.

Dans les zones buissonnantes se nourrissent le Rossignol, l’Hypolaïs polyglotte et parfois la Fauvette babillarde ou encore la Locustelle tachetée. La Gorgebleue à miroir est probablement assez régulière, tant dans la roselière que dans les champs en bordure des haies. De nombreux migrateurs longeant le Jura peuvent être repérés lors de leur bref passage au-dessus de la Champagne: Bondrée, Busards des roseaux et cendré, Faucon hobereau et Balbuzard sont annuels. On peut aussi rencontrer les deux espèces de cigognes, la Grue cendrée ainsi que de petits groupes de Guêpiers d’Europe au-dessus des champs. À ces visiteurs réguliers se joignent parfois des espèces inattendues comme la Guifette moustac, la Sterne caspienne, un Labbe, un Circaète ou même un Aigle botté.

Chardonnerets élégants sur des cardères - Photo : A. Barbalat

Les jours suivant un épisode pluvieux sont souvent les plus intéressants pour observer l’escale des migrateurs. Des visites régulières permettent à l’observateur de diversifier la palette des espèces observées et, pourquoi pas, de dénicher une petite surprise. Pour ne citer que quelques raretés déjà observées : Élanion blanc, Coucou geai, Pie-grièche isabelle, Bécasseau rousset, Glaréole à collier, Chevêchette d’Europe et Étourneau roselin. Et la liste ne demande qu’à être complétée ! En période de reproduction, le site se fait plus calme et il est bon de viser les premières heures de la matinée où les oiseaux sont plus actifs. Vous pourrez alors observer les espèces profitant des structures arbustives pour se reproduire, comme le Tarier pâtre, l’Hypolaïs polyglotte, la Fauvette grisette, la Pie-grièche écorcheur, la Linotte mélodieuse et les Bruants jaune, zizi et proyer. Les zones de culture abritent l’Alouette des champs, le Faisan et la Chevêche; la Perdrix grise semble désormais appartenir au passé. Dans les petits bois nichent la Tourterelle des bois, le Pigeon colombin, le Loriot d’Europe ou encore le Hibou moyen-duc. La réserve de Laconnex abrite aussi son cortège d’espèces typiques des buissons denses: Rossignol, Fauvette à tête noire, Pouillots fitis et véloce. La Poule-d’eau, la Foulque et le Râle nichent dans la végétation aquatique avec le Canard colvert, aux côtés de quelques Rousserolles effarvattes et parfois d’une turdoïde.

En hiver, les zones agricoles de la Champagne attirent de nombreux rapaces. Le Faucon pèlerin, le Busard Saint-Martin, la Buse variable, l’Épervier et parfois le Faucon émerillon profitent des espaces découverts pour chasser. D’autres espèces se tiennent dans les champs, comme le Héron cendré, la Grande Aigrette, le Vanneau huppé et parfois la Bécassine des marais, voire la sourde. C’est aussi une saison propice à l’observation des goélands. Après un épisode neigeux, quelques Pluviers dorés sont parfois de la partie. Parmi les passereaux, on peut noter l’Alouette des champs (parfois en très grandes troupes), les Pipits spioncelle et farlouse, les grives (quatre espèces), l’Accenteur mouchet, le Choucas et le Corbeau freux ainsi que des groupes de fringilles parcourant les friches (dont les Bruants jaune, zizi et des roseaux, plus rarement quelques proyers). La Pie-grièche grise est aussi une hivernante régulière.

La réserve de Laconnex est passablement calme durant la mauvaise saison. Il est possible d’y faire la rencontre d’une Bécassine des marais ou de quelques canards : Chipeau, Souchet, Siffleur ou Sarcelle d’hiver. De petits groupes de Grosbecs font la navette entre les différentes zones boisées du secteur et quelques Bruants des roseaux accompagnent les traditionnelles mésanges.

Accès

La meilleure façon de parcourir la Champagne est d’utiliser le vélo, quitte à le combiner aux transports publics ; il permet de se déplacer rapidement tout en s’arrêtant où l’on veut. En outre, il permet les contacts auditifs bien utiles à l’ornithologue en vadrouille.

Depuis la gare Cornavin, on peut prendre le train RER (avec le vélo) jusqu’à La Plaine puis monter vers Avully.

Une autre solution est d’utiliser les bus de campagne vous menant respectivement aux villages d’Avully, Avusy et Laconnex-Soral. Pour atteindre ces lignes, prendre le tram 14 depuis la gare de Cornavin et descendre à l’arrêt «P+R Bernex».

En voiture, prendre la direction de Bernex et Chancy, puis se diriger à choix vers Laconnex, Sézegnin, Avully, Soral, etc. Il existe plusieurs parkings dans les différents villages vous permettant ensuite de vous déplacer à pied. Veillez à bien rester sur les différents chemins officiels et ne pas pénétrer dans les cultures, prairies ou autres zones sensibles (dont les gravières).


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Simon Claude & Bastien Guibert (adapté de Cyril Schönbächler)

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