BirdRace : retour d’expériences

L'équipe à l'aube sur les toits du monde - Photo : C. Pochelon

La course touche à sa fin ! - Photo : C. Pochelon

L’équipe “Anciens du GDJ de Genève”

Nous n'avions pas d'itinéraire type pour cette BirdRace. Finalement, on s'oriente pour un itinéraire à l'autre bout de la Suisse, pour un parcours limitant les déplacements dans la journée (pour l'accès depuis Genève, c'est autre chose ! ), et avec une belle expérience en montagne. Ce sera une découverte quasi complète de la région pour nous, avec grand plaisir.

A 21h et après un pique-nique pour se remettre du début de montée, on démarre à vélo l'ascension du Hinterrug dans l'espoir d'entendre des nocturnes. Seule la Chouette hulotte se fera bien entendre. Après avoir posé les vélos, nous continuons à pied dans la nuit. Un Tétras-lyre, un Merle noir et plusieurs chamois agrémentent la montée. Les aboiements d'un chien nous font hésiter. Ouf, a priori, il est enfermé dans un chalet. Mais soudain les aboiements sont plus proches et deux yeux brillent dans la nuit. Nous ne faisons pas les malins et gagnons de la vitesse dans notre ascension !

A l'aube, le vent souffle sur la crête lorsque nous atteignons le sommet. Nous mettons un peu de temps à trouver le Lagopède alpin. Quelques migrateurs passent, et nous profitons d'un magnifique lever de soleil. Il faut déjà redescendre pour ne pas prendre de retard, et les cris d'un Tichodrome échelette sont entendus dans les parois rocheuses. Arrivés à la forêt, nous enchaînons les espèces forestières dans une sympathique clairière. Nos vélos retrouvés, on attaque la descente jusqu'à Buchs quasi sans arrêt, mais avec quelques espèces attendues (Grive litorne, Cincle plongeur repéré la veille depuis le car postal). A la minute près (ou plutôt exactement 2h après nos prévisions), nous attrapons le train pour Oberriet. En ce début d'après-midi, la plaine est calme mais on peut ajouter quelques espèces comme la Sarcelle d'été, le Choucas des tours ou la Mésange nonnette. Bastien nous alerte d'un PIE-PIE-PIE-PIE mais le temps que nous réalisions ce qu'il se passe, elle a disparu. Malheureusement elle ne sera pas revue et ne pourra être validée de la journée. La hantise de louper la tourterelle turque commence aussi à occuper les esprits... Nous décidons d'écourter le passage au Bannriet pour avoir suffisamment de temps au delta et regagnons Alstätten, à nouveau avec une grande précision (et un bel effort cycliste) pour attraper le train. Le delta du Rhin nous montre qu'on pourrait y passer des heures. Nous commençons par Rheinspitz en prenant le temps de détailler chaque guifette pour trouver les leucoptères. Un Rollier d'Europe vient compléter de façon inattendue notre liste. Arriver au bord de Fussacher Bucht, le « moment de grâce » de cette journée arrive avec, coup sur coup, deux sternes caspiennes, deux Balbuzards pêcheurs, un Héron pourpré, quelques limicoles, des Panures à moustaches, une Mouette mélanocéphale, le tout dans une magnifique lumière de fin de journée. Nous tentons encore la digue du nouveau Rhin en toute fin de journée, mais entre la méconnaissance du site, les minutes qui passent et la forte activité humaine, on ne sait plus où chercher ! Nous n'y ajouterons aucune espèce. C'est aussi le moment de s'arrêter enfin un moment pour manger et faire les comptes de cette journée. Nous avons manqué beaucoup de passereaux communs en plaine, mais les espèces alpines et la richesse du delta du Rhin nous ont apporté de beaux moments d'observation.

Le terrain de jeu nocturne du renard roux - Photo : C. Meisser

L’équipe “Genevois pas tout”

Il est 15h10 quand nous nous retrouvons les trois à la gare de Cornavin, direction le Roc de la Vache à Anzeindaz. Mince ! la bouteille de rouge est restée à la maison (accessoirement, les bâtons de marche et la pompe à vélo aussi). Après les rails et la dépose des vélos à Bex, puis la crémaillère et le bus, nous arrivons à Solalex. Il nous faudra encore une bonne heure de marche pour trouver notre coin pour passer la nuit, dans les creux de la montagne car un petit vent frais souffle sans hésitation. Croqué le bout de fromage et éteinte la lampe frontale, nous nous endormons sans le moindre cri d’oiseaux mais avec les étoiles. Durant la nuit, un étranger insistant et plutôt gonflé vient perturber notre précieux sommeil : il s’agit d’un renard magnifique et affamé, qui n’hésite pas à voler le pic nic de Jean-Philippe (chocolat compris !) et la miche de pain de Christian. A plusieurs reprises, l’effronté viendra nous rendre visite, malgré nos protestations. Il finira même par traîner le sac à dos de Géraldine à plusieurs dizaine de mètres, avant qu’il ne soit heureusement repéré et chassé. Quelle nuit !

Difficilement tirés hors de nos sacs de couchage par Christian à 6h15, nous profitons d’un lever de soleil spectaculaire et entendons le Merle à plastron qui s’agite. Malgré nos recherches assidues, ni Lagopèdes alpins, ni Tétras-lyre, ni Perdrix bartavelles ne seront vus ou entendus. Avant de descendre en direction de Pont-de-Nant, une belle récompense arrive avec un Aigle royal dans le ciel, un Épervier d’Europe qui lèche la paroi rocheuse et le cri de quelques Craves à bec rouge.

La descente par le Col des Essets est splendide, entre la roche orangée et les premiers sapins épars. L’Accenteur mouchet et les Sizerins flammés seront de belles rencontres. Nous surveillons toujours le ciel à la recherche du Gypaète barbu, en vain. Nous quittons l’alpage, une (voire deux) tarte au vin cuit dans l’estomac (l’auberge est ouverte !), et espérons que les espèces forestières seront plus nombreuses. Malheureusement, le vent souffle fort et il est difficile de repérer le cortège commun habituel. Seuls quelques mésanges et roitelets se font remarquer. A notre arrivée à Plan-sur-Bex, nous sommes ravis de cocher la Bergeronnette grise et le Grand Corbeau ! Dans le bus pour Bex, nous sommes surexcités à l’idée de voir une Buse variable et des Hirondelles rustiques et de fenêtre ! Arrivés à la gare, il nous tarde de retrouver nos vélos pour pédaler en direction de Vionnaz et de la réserve des Grangettes. Sur la route, Tourterelles turques, Pigeons bisets et Moineaux domestiques n’ont jamais eu autant d’importance à nos yeux ! Nous passons à travers la plaine du Rhône, où le fleuve éponyme semble vouloir faire sauter les digues de béton qui l’oppressent. Le paysage est triste, jusqu’à ce qu’une quinzaine de Mouettes mélanocéphales, deux Courlis cendrés et un Grand Gravelot nous donnent du baume au cœur. La route sera encore ponctuée de quelques fringilles et Gobemouches noirs.

L’arrivée au Môle des Grangettes est marquée par le vol d’un Cormoran pygmée, aux cris du Râle d’eau et du Chevalier guignette. Nous “spotterons” encore quelques canards et le Grèbe à cou noir. Nous entamons le chemin vers la gare de Villeneuve fatigués de la longue journée (en pensant fort à notre intrus nocturne) mais heureux et reconnaissants du partage autour des oiseaux.

La splendeur de la région d'Anzeindaz - Photo : C. Meisser

L’équipe Genevois rien

Notre course commence aux Plans-sur-Bex, dans les Alpes vaudoises, avec une Chouette hulotte qui se fait timidement entendre dans la forêt au sud du village. Une heure d’écoute ne permet pas de faire bouger le compteur. A ce rythme, on ne risque pas de battre des records.

Nous reprenons la course vers 6h30 après un frugal petit-déjeuner, en remontant des Plans vers le Pont de Nant, puis piquons direction sud dans le vallon de Nant, une belle trotte de plusieurs kilomètres et 450 m de dénivelé. Nous observons entre autres nombre d’Hirondelles de rochers et de fenêtre, des Martinets à ventre blanc, quasi toutes les mésanges, des fringilles, une Grive draine. Arrivés à l’alpage de Nant, le vent se met de la partie et nous refroidit rapidement. Nous observons encore des Chocards à bec jaune et un furtif Aigle royal. Le vent forcit et nous pousse à redescendre vers le Pont de Nant. Avant de prendre le bus pour redescendre dans la vallée du Rhône, un café et une part de tarte aux myrtilles s’imposent pour nous réchauffer, et scruter les sommets alentours à la recherche du Gypaète barbu, malheureusement sans succès.

L'équipe au complet - Photo : Alain Barbalat

Puis un trajet en bus, en train et encore en bus nous amène vers Vionnaz, sur la rive gauche du Rhône. La migration au-dessus des Préalpes du Chablais nous réserve de belles surprises comme des Bondrées apivores, des Busards des roseaux, des Buses variables et des Éperviers d’Europe. Nous poursuivons la course dans la plaine du Rhône à la recherche des espèces migratrices dans les champs et les haies, et tombons sur 17 Mouettes mélanocéphales dans un champ en compagnie de Goélands leucophées et de Mouettes rieuses.

Encore un saut de puce en bus nous transporte à notre dernier spot, en partant de Noville, pour longer le Grand Canal (Hérons pourpré et cendré, Gobemouches noir et gris) et atteindre les Grangettes.

Là, canards et fuligules complètent notre liste, ainsi qu’un Cormoran pygmée perché sur une branche non loin de la tour d’observation, et des Guifettes noires tournoyant au loin. Un Martin-pêcheur d’Europe peu craintif se fait admirer juste sous le hide au bord de l’eau. La nuit tombante nous pousse vers la gare de Villeneuve, point final de notre course.

La Réserve des Grangettes - Photo : Christian Huber

Le Vallon de Nant - Photo : Christine Jaggy

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Suivi de la migration dans la station de baguage de Jaman - 31 août 2024

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