Migration et changement climatique
Les oiseaux migrateurs sont déjà en chemin et certains, déjà de retour sur leur site de nidification. Mais sont-ils à l’heure ?
Une étude parue en 2019 dans la revue Nature Climate Change suggère que les oiseaux tendent à migrer un peu plus tôt chaque printemps en raison du réchauffement du climat. Il est constaté que le pic de la migration printanière avance d'un peu moins de deux jours chaque décennie.
En utilisant des radars météorologiques pour suivre et quantifier le nombre d’oiseaux migrateurs, comme à la Station ornithologique suisse, les scientifiques constatent que le changement climatique peut affecter les mouvements de milliards d'oiseaux chaque année. Les oiseaux migrateurs arrivent donc en avance lors de leur migration printanière. Les chercheurs ont également observé certains changements dans la migration automnale, bien que la relation avec la hausse des températures soit beaucoup plus faible.
Beaucoup d’études antérieures ont déjà suggéré que certaines espèces d'oiseaux modifiaient leurs schémas de migration en réponse au changement climatique. Mais l’étude en question examine cette problématique à une échelle beaucoup plus grande. Les résultats reflètent le comportement de centaines d'espèces du continent Nord-Américain. Nous imaginons sans difficulté que ces résultats sont extrapolables à notre continent. D’ailleurs, cela a déjà été prouvé, comme dans l’étude citée ci-dessous.
Alors que la hausse des températures semble être la force motrice en général, les effets sur le comportement des oiseaux peuvent varier d'une espèce à l'autre. La migration d'oiseaux est influencée par une variété de facteurs, tels que la croissance de nouvelles plantes ou la disponibilité de nourriture. Il est donc important que les oiseaux soient synchronisés avec ces pics de nourriture utiles à l’accomplissement de leurs cycles naturels.
Un exemple simple et plus proche de nous géographiquement a été publié dans la revue Nature. Christiaan Both et son équipe a étudié les conséquences d’un décalage de migration chez le Gobemouche noir en Hollande. Certaines populations ont diminué d'environ 90% au cours des deux dernières décennies dans des zones où le pic de nourriture pour l'approvisionnement des oisillons culmine tôt dans la saison : il y a une désynchronisation entre le moment de la reproduction et du pic de nourriture utile à l’élevage des jeunes. Sur le long terme, les chercheurs prédisent un déclin dans ces populations.
En résumé, le réchauffement climatique affecte la phénologie des oiseaux migrateurs et celle des cycles naturels dont dépendent ces mêmes oiseaux. Ces facteurs tendent à affecter la survie et la reproduction de ces espèces migratrices. Pour répondre à la première question posée, les oiseaux migrateurs tendent à être en avance sur leur calendrier. Il n’est pas toujours bon d’arriver en avance pour le repas !