Trois ans de suivi de l’Hirondelle de fenêtre dans le canton de Genève
Photo : A. Barbalat
L’Hirondelle de fenêtre est l’espèce la plus répandue des quatre hirondelles qui nichent en Suisse. Cependant, ses effectifs sont en diminution dans notre pays depuis plusieurs décennies. Plusieurs facteurs expliquent en partie cette tendance observée : la diminution drastique de la biomasse des insectes, la disparition des zones de terre boueuse nécessaires à la construction des nids, ou encore l’intolérance des usagers des bâtiments sur lesquelles les hirondelles nichent.
La Station ornithologique suisse coordonne un inventaire national des sites de nidification de l’Hirondelle de fenêtre. Cet inventaire est mis à la disposition des communes et des cantons et plusieurs l’utilisent déjà, notamment lors de mises à l’enquête pour permis de construire. Comme le GOBG réalise le suivi des colonies sur plusieurs communes du canton depuis 2014, il s’est coordonné avec la Station ornithologique suisse pour participer au recensement exhaustif du canton dès 2020.
La méthode était simple : les volontaires ont contrôlé l’état des colonies déjà documentées et recherché de nouvelles colonies sur leur zone d’étude. Certaines fois, plusieurs passages ont été nécessaires pour documenter au mieux la nidification. Des renseignements précis étaient demandés : l’adresse des bâtiments abritant les nids, le nombre de nids naturels et artificiels, et les cas de nidification.
Le résultat des trois premières années est réjouissant : 64 localités ont été recensées par 41 observateurs entre 2020 et 2022, et certaines localités ont fait l’objet d’un suivi sur plus d’une année.
Recouvrement des relevés effectués en 2020, 2021 et 2022. Toutes les localités, à l’exception des Avanchets (en blanc), ont été recensées au moins une fois en 3 ans.
Sur l’entièreté du canton, 2’552 nids (artificiels et naturels) ont été observés, dont 1’101 ont accueilli une reproduction d’Hirondelles de fenêtre. Un nid naturel observé sur deux héberge une reproduction. Le taux d’occupation observé des nids artificiels est quant à lui de 34,5%. Les résultats montrent également une certaine dépendance des Hirondelles de fenêtre aux nids artificiels, puisque 36,5% de la reproduction détectée à l’échelle cantonale s’y déroule.
Dans certaines localités, aucun cas de reproduction n’a été observé. C’est le cas de Genève (centre-ville, rive droite), Genève (centre-ville, rive gauche), Genève (Malagnou, Grange-Canal), Champel, Le Petit-Saconnex, Le Bouchet, Le Grand-Lancy, Vernier, Cointrin, Meyrin, Le Grand-Saconnex, Chêne-Bourg, Conches, Confignon, Cartigny, Choulex, Corsier, Perly, Soral et Chambésy.
Nombre de couples reproducteurs détectés d’Hirondelles de fenêtre entre 2020 et 2022 par localité
Mais à quoi ça sert, tout ça ?
Un recensement méthodique à l’échelle cantonale apporte des données importantes, tant sur la quantification des effectifs que sur leur conservation. La perte des sites de nidification est un des facteurs principaux qui menace les effectifs d’Hirondelles de fenêtre. En obtenant une image précise (à l’adresse près !) de la localisation des nids, des mesures efficaces peuvent être prises lors de mises à l’enquête pour des permis de construire ou des rénovations. Les coordonnées des sites de reproduction connus est annuellement rapportée à l’Office Cantonal de l’Agriculture et de la Nature qui peut consulter le GOBG en cas de demande de préavis pour une modification d’un bâtiment abritant une colonie.
Pour résumer, on protège que ce que l’on connaît !
Répartition des colonies d’Hirondelles de fenêtre dans le canton de Genève (recensements de 2020 à 2022). Les pastilles rouges représentent des colonies historiques dont les nids ne sont pas occupés. Les pastilles vertes foncées (nids artificiels) et vertes claires (nids naturels) concernent les colonies avec des cas de reproduction. La taille du cercle correspond au nombre de couples nicheurs dans la colonie.
La mise en perspective du statut des différents nids (sites avec cas de reproduction versus sites non-occupés/abandonnés) permet de connaître le taux d’occupation d’un site. Également, l’absence complète de nids dans une localité vérifiée grâce à un recensement exhaustif apporte une information importante. Avant un monitoring dédié et approfondi, une absence de donnée peut être attribuée à une absence d’observation ou à une absence d’hirondelles. Ainsi, les données obtenues sur ces trois dernières années fournissent déjà un réel outil de conservation en considérant que le renforcement des colonies existantes avec des nids artificiels est une part importante des activités de notre association.
Envie de participer ?
Les campagnes de recensements méthodiques faits à l’échelle du canton de ces trois dernières années ont très bien fonctionné. L’investissement des observateurs, la bonne collaboration et les premiers résultats obtenus nous encouragent à poursuivre ce projet sur plusieurs années avec la Station ornithologique suisse. La priorité sera de recenser les localités qui n’ont pas été prospectées depuis deux ans. Les personnes intéressées par ce recensement peuvent contacter notre association à l’adresse suivante : jeremy.gremion@gobg.ch.
Un grand merci !
Rappelons que l’objectif initial était de prospecter tout le canton de Genève en 4 ou 5 années. Le travail fourni par les observateurs sur trois ans est impressionnant puisque la quasi-totalité du canton (une seule localité manque) a été prospectée. Un monitoring de cette ampleur en si peu de temps est évidemment possible qu’avec la précieuse collaboration des observateurs volontaires !
Que soient vivement remerciés Gilbert Bianchi, Loris Bono, Eric Bossard, Pierre-François Burgermeister, Aurélie Coulon, Catherine Devenyi, Catherine Dulac, Christine Faucogney, Géraldine Gavillet, Bastien Guibert, Olivia Hebert, Simon Hildebrand, Adrienne Hopf, Christian Huber, Pascal Hungrecker, Christine Jaggy, Clémentine Lair, Clémentine Laire, Eliot Lecointe, Pierre Loria, Claude Morzier, Danielle Mouchet, Cédric Pochelon, Christine Reymond, Jacqueline Roch, Patrick Schmitz, Cyril Schönbächler, Claude Simon, Jez Smith, Florian Steiner, Wanda Stryjenska, Jean-Pierre Thoma, Eve Vaissade, Laurent Vallotton, Beat Van de Waal, Sandra Velitchko, Natalia Villalba, Claude Villedieu, Jean-Philippe Viros et Jean-Paul Ziegenhagen.
Nous remercions également la Station ornithologique suisse ainsi que toutes les personnes qui ont signalé leurs observations d’hirondelles sur les plateformes naturalistes en ligne.