Bois de Jussy et vallon du Foron

Gy, Jussy GE, St -Cergues, Machilly, Bons-en-Chablais F74, 509-516/119-125, 530 m

 

Les bois de Jussy sont un des grands massifs forestiers du canton de Genève. La partie suisse est aujourd’hui principalement composée de grands chênes. Cette forêt possède de nombreux habitats intéressants pour la faune ainsi que de nombreux petits étangs, en eau la majorité de l’année.

L’accès aux différents sites n’est pas toujours permis pour des questions évidentes de tranquillité et il est important de respecter les interdictions afin d’éviter tout dérangement envers la nature. Néanmoins, certains peuvent être visités sans problème, si l’on reste sur les sentiers autorisés, et peuvent apporter leur lot d’observations :

• Les Prés de Villette : possèdent une petite esplanade depuis laquelle on peut voir le marécage et une partie du plan d’eau (seul accès permis) ;
• Les Prés Bordons : plusieurs étangs visibles depuis le chemin d’accès aux Prés de Villette ;
• Bois Vieux : une palissade à l’angle sud de l’étang permet d’observer une bonne partie de celui-ci.

Non loin se trouve une région nettement moins connue des ornithologues tant genevois que savoyards, mais regorgeant d’habitats structurés et humides à même de ravir le promeneur attentif. Il s’agit du vallon du Foron, rivière prenant sa source au pied des Voirons et se jetant dans l’Arve. Une fois la frontière passée, on remarque de suite le changement de paysage. De nombreux pâturages structurés, marais et saulaies composent ce vallon entre les zones habitées. Il est vivement conseillé de se balader à pied le long du Foron, qui offre une promenade agréable, car cela augmentera les chances de découvrir des spécialités. Quelques sites sortent du lot :

• Marais de Fully : sur la commune de Bons-en-Chablais, cette roselière ponctuée de buissons de saules est peu accessible à pied, mais il est possible d’en faire le tour à l’aide des sentiers et routes existantes ;
• Marais à la dame : l’accès est là encore difficile, mais les observations peuvent se faire depuis les alentours, principalement au nord via Brens et la route surplombant le vallon ;
• Lac de Machilly : ce lac artificiel dédié à la promenade et à la pêche, très fréquenté, gagnerait fortement en intérêt avec l’aménagement d’une zone de tranquillité pour les oiseaux. Ce grand plan d’eau reste potentiellement intéressant pour les anatidés. Deux parkings sont présents à ses extrémités ;
• Marais de Lissoud : au sud, entre Monniaz et le centre équestre de Juvigny, cette zone humide composée de petits plans d’eau créés récemment est accessible par un sentier. Un parking est à disposition à l’entrée de la déchetterie.

Pic mar, symbole des lieux - Photo : A. Barbalat

Au niveau ornithologique, une balade printanière dans les bois de Jussy vous permettra de voir la nature s’éveiller et d’entendre les chants de centaines de passereaux défendant leur territoire. Dès le mois de mars se font entendre les premiers chanteurs courageux. On y retrouve une majorité d’espèces communes, comme les mésanges (dont les Noire, Huppée et à longue queue), la Fauvette à tête noire, le Roitelet à triple bandeau et le Pouillot véloce. Une des attractions majeures de ces bois est sans aucun doute les pics. Cinq espèces sont en effet visibles. L’Épeiche et le Vert sont les plus communs, mais on y retrouve aussi le discret Pic épeichette, le Pic noir ainsi que le Pic mar qui apprécie spécialement ces forêts de chênes âgées. Une balade dans la première quinzaine de mars devrait vous permettre de voir ou d’entendre plusieurs de ces espèces.

De nombreux migrateurs s’arrêtent par là au printemps et à l’automne, mais la plupart passent inaperçus, faute de prospection. Dans les différentes zones humides, on peut mentionner divers ardéidés faisant parfois escale, comme le Héron pourpré, le Bihoreau gris, le Blongios nain et l’Aigrette garzette. Ponctuellement, quelques limicoles profitent des rares plages en fonction de la hauteur du niveau d’eau : le Chevalier culblanc est le plus commun, mais le sylvain, l’aboyeur et l’arlequin ont déjà été notés. Parmi les passereaux, on peut trouver la Rousserolle effarvatte, le Bruant des roseaux et parfois la Rémiz penduline ou la Locustelle tachetée.

Côté français, les chants du Bruant jaune, du Rossignol, de la Fauvette des jardins, du Gobemouche gris, parfois du Bruant zizi ou de l’Hypolaïs polyglotte retentissent dans les fourrés. Un petit tour dans la zone agricole peut également s’avérer productif : Alouette des champs, Tariers pâtre et des prés ainsi que divers pipits sont notés en petit nombre chaque année. Des migrateurs plus rares profitent des zones ouvertes pour leur escale : mentionnons notamment des données de Huppe fasciée, Torcol fourmilier, Bruant ortolan, Vanneau huppé et Busard cendré.

Lever les yeux au ciel pourra peut-être vous permettre de repérer quelques migrateurs peu communs, comme l’Épervier d’Europe, la Bondrée apivore, le Busard des roseaux, le Balbuzard pêcheur ou même la Cigogne noire. Des Guêpiers ont même déjà été observés.

L’été est une saison calme et le meilleur moment pour s’y balader reste les premières heures du matin. On entendra alors les oiseaux qui profitent des heures fraîches pour se manifester. Parmi les nicheurs peu communs, en plus des différents pics, on notera le Coucou gris, le Loriot d’Europe et la Tourterelle des bois, qui se raréfie. Dans les roselières se reproduisent le Grèbe castagneux, le Râle d’eau, la Poule d’eau, la Foulque macroule et parfois la Rousserolle effarvatte. Le Tarier pâtre et la Pie-grièche écorcheur sont également bien installés le long du Foron, qui est aussi un des rares sites de la région où subsiste la Rousserolle verderolle. Chez les autres passereaux, on notera la Fauvette des jardins, les Pouillots fitis et siffleur ainsi que le Rossignol et parfois la Fauvette grisette. Enfin, on relèvera, en plus de la plupart des rapaces déjà cités, la présence du Faucon hobereau.

Les oiseaux hivernants sont peu connus, mais les zones humides et leurs alentours regorgent de possibilités. Divers canards sont parfois présents sur les plans d’eau, notamment sur le Lac de Machilly. Harle bièvre, Fuligule milouin, Canard chipeau, Sarcelle d’hiver et Nette rousse peuvent y être observés, alors que d’anciennes données mentionnent le Fuligule nyroca et les Canards siffleur et souchet. Bien que le site se soit dégradé, il est toujours envisageable que ces espèces apparaissent occasionnellement. Les autres habitants des plans d’eau comprennent le Râle d’eau, le Martin-pêcheur et le Bruant des roseaux, auxquels nous pouvons ajouter une observation récente de Bouscarle de Cetti au marais de Lissoud. Et qui sait, un observateur y découvrira peut-être un jour un Butor ?

On retrouve régulièrement certaines espèces de passereaux montagnards peu communs en plaine, comme le Bouvreuil, le Bec-croisé, l’Accenteur mouchet et le Sizerin flammé. L’hiver, d’autres « nordiques » se mêlent aux oiseaux locaux, comme le Tarin des aulnes, le Pinson du Nord ou la Grive mauvis. Dans les zones agricoles chassent parfois le Milan royal, le Busard Saint-Martin ou le Faucon émerillon et quelques Pluviers dorés peuvent faire escale, généralement après un épisode neigeux. Les plus attentifs réussiront peut-être à repérer le Faucon pèlerin qui fréquente régulièrement la région, se posant régulièrement sur les pylônes.


Accès

En transports publics depuis la gare Cornavin, vous pouvez prendre le Léman Express puis choisir entre deux options.

La première consiste à descendre à la gare de Chêne-Bourg puis à prendre le bus pour Jussy ou Monniaz en fonction du trajet prévu. Vous pouvez ensuite vous balader dans les bois de Jussy ou descendre sur le vallon du Foron et remonter jusqu’à Machilly.

La deuxième option consiste à se rendre jusqu’à la gare de Machilly, depuis laquelle il est possible de se balader dans le vallon du Foron et d’accéder à plusieurs sites intéressants.

En voiture ou à vélo, prenez la route de Thonon-Évian depuis le centre-ville. Poursuivez jusqu’à la Pallanterie (grande tour en béton visible de loin) et, au rond-point, prenez la direction de Jussy (d’abord à droite, puis directement à gauche sur la route de Compois). Continuez tout droit puis, au rond-point situé au centre du village, prenez à gauche direction Monniaz/Thonon. De cette route, vous pouvez accéder à de nombreux emplacements de parcage proches des sites d’observations.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Bastien Guibert

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