Bande malaire : signature des faucons ?

Beaucoup d’espèces de faucons présentent une tache sombre distincte sous l'œil, appelée bande malaire. On suppose que cette bande réduit la quantité d'éblouissement solaire réfléchie dans les yeux pendant la recherche de nourriture, augmentant ainsi l'efficacité de la chasse dans des conditions lumineuses.  

Vrettos et al. (2021) ont voulu vérifier l’hypothèse de l'éblouissement solaire avec une approche corrélative à l'échelle mondiale. Ils ont utilisé des photographies de l’espèce de faucon la plus répandue dans le monde : le Faucon pèlerin. Les banques de données en ligne ont fourni plus de 2000 images de pèlerins provenant de 94 pays et états, allant de l'Afrique du Sud à la Russie. 

Faucon pèlerin : Photo : Jérémy Gremion

Les analyses ont confirmé que la taille et la proéminence de la bande malaire étaient positivement corrélées au rayonnement solaire annuel moyen, mais pas à d'autres variables environnementales considérées lors des analyses (température, pluviométrie, etc.). Ces résultats vérifient l'hypothèse selon laquelle cette caractéristique du plumage permet de réduire l'éblouissement solaire réfléchi dans les yeux du faucon, améliorant ainsi sa capacité à repérer et à cibler des proies dans des conditions de forte luminosité.

Comment ça fonctionne exactement ? Lorsque les rayons du soleil arrivent sur une surface claire ou blanche, ils rebondissent. Si les faucons avaient des plumes plus claires sur les joues, les rayons du soleil rebondiraient, dont une partie dans leurs yeux, réduisant leur vision. Le noir, en revanche, absorbe la lumière. Les plumes sombres atténuent donc les rayons aveuglants. Cela améliore la sensibilité aux contrastes, c'est-à-dire la capacité à voir les détails et à discerner les objets de leur arrière-plan, comme par exemple une proie à grande vitesse dans un ciel très lumineux. Rappelons que le pèlerin se nourrit exclusivement d’oiseaux qu’il chasse en partie en vol.

Cette adaptation morphologique se retrouve aussi chez d’autres espèces, comme la Pie-grièche masquée avec son masque noir (Yosef R et al., 2012), le guépard (Meachen J. et al., 2018) et même certains humains… Les joueurs de football américain qui marquent le dessous de leurs yeux pour éviter l’éblouissement des éclairages des stades, par exemple !

Source : https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsbl.2021.0116


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