Défilé de Fort l’Ecluse

Léaz F01, Chevrier F74, 481/108, 350 m

 

C’est le Rhône, à l’extrémité sud-ouest du plateau, qui a creusé ce « trou» dans la chaîne du Jura. Celui-ci concentre l’essentiel du flux migratoire traversant la Suisse à l’automne, faisant de L’Écluse l’un des meilleurs sites pour observer la migration postnuptiale en Europe occidentale.

Séparant le Vuache, au sud, du Grand Crêt d’Eau au nord, le défilé de l’Écluse est d’abord un célèbre lieu d’histoire. Sa position stratégique a justifié la construction, dès le XIIIème siècle, d’un château fort puis d’un ouvrage militaire fortifié, qu’il est aujourd’hui possible de visiter. Toutefois, «Fort l’Écluse» résonne tout autrement aux oreilles de l’ornithologue. Et pour cause : de juillet à fin novembre, entre 300’000 et un million d’oiseaux migrateurs y sont comptabilisés, avec un record de plus de 1’400’000 oiseaux durant l’automne 2012, essentiellement des petits passereaux, mais aussi 63’000 rapaces, 74’000 Pigeons ramiers, 12’900 Grands Cormorans et 1’800 Cigognes blanches. Au printemps, le flux est bien moins important mais concentre tout de même quelques rapaces et bon nombre de passereaux.

Milans royaux en migration - Photo : A. Barbalat

La migration débute avec la venue des Milans noirs dès juillet, dont le gros de la troupe transite à la fin du mois, bientôt suivi par les premières Bondrées apivores. C’est la fin du mois d’août et la première moitié de septembre qui apportent généralement le plus de diversité, lorsque les espèces passant en nombre sont accompagnées de migrateurs moins communs, tels le Balbuzard pêcheur (dont plus d’une centaine passent certaines années), le Busard cendré ou les deux espèces de cigognes, la Noire étant de plus en plus fréquente. Octobre voit surtout défiler des Buses variables, des Éperviers d’Europe et des Milans royaux, quelques Faucons émerillons et les derniers Faucons hobereaux, ainsi que les formations de Grands Cormorans et de corvidés – mouvements qui se poursuivent en novembre. Les groupes de Pigeons ramiers et, en plus petit nombre, colombins passent à toute vitesse au-dessus du Fort pour éviter l’un des Faucons pèlerins ou Autours des palombes locaux. C’est à cette période aussi que les jours favorables voient défiler d’énormes quantités de passereaux. Par mauvais temps, il est alors recommandé d’inspecter les champs, haies et bois de la région. Toujours en octobre ou novembre, un jour de chance apportera peut-être un vol gracieux de Grues cendrées, un labbe ou bien un Aigle criard dans un groupe de Buses, en route vers la Camargue…

Finalement, lors des vagues de froid en hiver, on peut observer le passage souvent impressionnant de quantité de Buses et autres hivernants sensibles au froid. Ces dernières années, les Aigles criard et pomarin, de même que le Vautour fauve et le Circaète sont devenus quasi annuels, ce dernier estivant parfois dans le secteur. Certaines espèces plus rares ont été observées récemment, comme le Pygargue à queue blanche, l’Élanion blanc, le Busard pâle et même un Aigle des steppes en 2013, vu quelques jours plus tôt en Suède et au Danemark ! Hors rapaces, un Pélican blanc en 2012 et un groupe de 20 Ibis falcinelles en 2013 ont créé la surprise.

Si le site de Fort l’Écluse doit son prestige en premier lieu aux migrateurs, les massifs montagneux des environs sont d’importantes zones de chasse pour quelques espèces de rapaces. Un couple d’Aigles royaux, l’un des seuls de la chaîne jurassienne, s’est installé près du Fort à partir 1993 ; la nidification n’a toutefois plus été signalée depuis 2012. Les autres rapaces nicheurs de ces massifs sont les Faucons pèlerin et crécerelle, l’Autour et l’Épervier, la Bondrée et la Buse, ainsi que le Grand-duc. Autour du Fort lui-même, au printemps, on a de bonnes chances d’observer des Hirondelles de rochers, le Pouillot de Bonelli, le Bruant fou et des Choucas des tours. Relevons, à titre tout à fait exceptionnel, la présence d’un Pouillot ibérique en mai et juin 2010. De l’automne au printemps, le Tichodrome échelette se montre assez souvent sur les murs du Fort.

N’hésitez pas à consulter le site de la LPO Haute-Savoie qui propose des renseignements plus détaillés ainsi que les rapports annuels du suivi de la migration postnuptiale au défilé de l’Écluse.

Accès

Si le site supérieur du Fort offre un cadre remarquable, les conditions d’observation (lumière, champ de vue, distance par rapport aux oiseaux) ne sont pas idéales ; le meilleur emplacement, offrant un champ de vision plus large, se situe sur la rive savoyarde du Rhône (commune de Chevrier), au bord du chemin de fer perpendiculaire à la D1206. Une plateforme d’observation y a été installée avec un panneau d’information. Cette dernière est accessible pour les personnes en chaise roulante.

Le Fort l’Écluse lui-même se visite depuis Collonges (Ain), en empruntant le sentier du fortin (indiqué à partir du centre du village).

Une route, qui monte à droite juste à la sortie du hameau de Longeray, mène également à un parking avant le Fort d’en haut. Il n’y a malheureusement pas de réseau de transports publics avec des arrêts proches du site, et la route depuis Genève est longue à vélo (1h30 à 2h). Les meilleures journées de migration sont celles agrémentées d’une météo favorable, après une période de mauvais temps. Une excursion au Fort l’Écluse se combine facilement avec une visite à l’Étournel.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Alexis Pochelon (adapté de Bram Piot)

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