Les projets

Rougequeue à front blanc

 Caractéristiques

Ce petit passereau possède un plumage parmi les plus colorés de nos passereaux, qui trahit ses origines asiatiques. Le mâle possède une poitrine orangée, une gorge et des joues noires, le dos et le dessus de la tête gris avec un front blanc, visible de très loin. La femelle, beaucoup plus terne, ressemble à celle du Rougequeue noir mais s’en distingue par une poitrine beige très claire.

Le Rougequeue à front blanc est un migrateur nocturne subsaharien qui traverse chaque année le désert et la Méditerranée pour rejoindre ses sites de reproduction en Europe (au nord jusqu’en Laponie) et en Asie (à l’est jusqu’en Sibérie).

C’est un oiseau essentiellement cavernicole, qui nichait à l’origine dans les anfractuosités des murs et des vieux troncs (d’où son ancien nom de rossignol des murailles).

Répartition des effectifs

Présente dans toute la Suisse, quoique souvent en faible densité, l’espèce occupe le plus largement les vallées et le sud du Tessin, le Valais central et du haut, ainsi que la région bâloise. Environ 90 % des effectifs se concentrent en dessous de 1500 m, dans des milieux combinant arbres, sol nu et cavités, tels que quartiers peu urbanisés, parcs, jardins familiaux, vignobles arborés, vergers à hautes tiges ou forêts clairsemées.

Depuis la sortie de l’Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse 2013-2016, nous savons que le déclin de l’espèce, entamé dans les années 70, a été stoppé dans notre pays grâce à une belle progression au sud des Alpes (Tessin) et en Valais. Cette progression compense la diminution qui continue d’être observée au nord des Alpes et sur le plateau.

Dans notre canton, la population semble se stabiliser depuis les 10 dernières années, même si l’on continue d’observer une perte progressive de nombreux sites proches des milieux agricoles.

Mesures de conservation

Espèce prioritaire pour une conservation ciblée en Suisse
Statut : NT (potentiellement menacée)

La baisse importante des effectifs en Suisse et à Genève au cours des dernières décennies s’explique en grande partie par les raisons suivantes:

  • l’exploitation intensive des prairies et l’extension des agglomérations

  • la disparition progressive des vergers à hautes tiges

  • la dégradation des sources de nourritures due à l’utilisation d’insecticides

  • la suppression des vieux arbres à cavités

Notre canton a la chance d’être moins touché que nos voisins. S’il est difficile d’en connaître la vraie raison, il est urgent de prendre des mesures pour tenter de stopper cette diminution de la population.

Actions

Les mesures qui paraissent les plus faciles à réaliser sont celles qui consistent à maintenir la qualité du milieu, là où cela est encore possible. Cela peut se concrétiser de la manière suivante :

  • abandonner l’utilisation de pesticides dans les parcs et jardins

  • sensibiliser et aider les agriculteurs en favorisant les mesures d’extensification

  • préserver les vieux arbres à cavités et les vergers à hautes tiges

  • poser des nichoirs pour remplacer, le cas échéant, le manque de cavités naturelles

Le programme de conservation a débuté en 2013 à Genève par des projets visant à compenser le manque de cavités naturelles en posant des nichoirs dans des sites ciblés. Dès 2017, la promotion du projet de la Charte des jardins a constitué un des leviers du programme de conservation de l’espèce. Notre action consiste principalement à encourager les propriétaires à signer cette Charte et à respecter les mesures proposées pour favoriser la biodiversité dans leur jardin.

L’autre levier consiste à intervenir ponctuellement dans certains sites menacés. La mise en place des réseaux agro-environnementaux (RAE) à Genève va dans la bonne direction, mais les mesures engagées prennent du temps avant que l’on puisse en constater les effets. Il faudra encore de la patience pour que la tendance s’inverse.


Références bibliographiques

PETER KNAUS & al. (2018) Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse 2013-2016 Vogelwarte.ch

HEINZ MENZEL (1995) Der Garten- rotschwanz, Die Neue Brehm-Bücherei Bd.438

JOHN BUXTON (1950) The Redstart, Collins, New naturalist monograph St. James’s Place London 1950