Les merveilles du Lac de Tanay - 25 mai 2024
Les seize participants se retrouvent sur le parking du Flon, accueillis par le chant du Pouillot de Bonelli, fort apprécié pour délier les virages d’une route sinueuse qui occupe encore un peu la tête. La météo est plutôt douce et contraste avec une veille pluvieuse. Nous sommes donc en veine !
Fauvette à tête noire mâle - Photo : Claude Morzier
Le Grimpereau des jardins est discret, tandis que le Pinson des arbres pousse sa cascade de notes plongeantes sans relâche. Le Pouillot véloce nous offre une musique de fond en décomptant sa monnaie. Nous entamons notre marche, sous l’œil curieux d’une Mésange charbonnière silencieuse.
En levant les yeux, nous pouvons repenser au proverbe “Buse planant, beau temps” puisqu’une Buse variable dessine de beaux cercles dans un bout de ciel bleu, entre les hêtres. Le long de ce parcours en forêt, nous sommes escortés par des Roitelets à triple bandeau et huppés, qui semblent jouer les gros bras, eux pourtant si frêles. Le chant du Merle noir résonne de toutes parts, tandis que celui d’une Grive musicienne domine bien le reste des solistes. Même la Fauvette à tête noire peine à régater !
Un peu plus loin, nous détectons un pot-pourri énergique composé des cris et chants des Mésanges bleues, charbonnières et huppées, tandis que la Mésange boréale alpestre entonne sa strophe mélancolique si douce. Au sortir de la forêt, le Bouvreuil pivoine semble lui aussi nous raconter ses peines, alors que la Sittelle torchepot, qui ne chante plus depuis un bon mois, mime les frappes d’une machine à écrire, comme pour dire merci à cette saison.
Nous arrivons à découvert, au pied d’une pente raide qui foisonne de vie ; fleurs et insectes valsent gaiement sous un soleil généreux. Le temps pour nous d’ôter une couche, aux chants du Rougegorge familier et du Troglodyte mignon cachés dans le cordon boisé. Le Grimpereau des bois signale aussi sa présence, quoiqu’il reste timide.
L’immense paroi rocheuse découvre une horde de bouquetins, que nous avons plaisir à observer malgré la distance. Au loin, le rire du Pic vert. Plus près, sur un buisson épineux, un couple de Pie-grièche écorcheur nous offrent leurs allées et venues. Toujours dans le même secteur, une Grive draine au bec chargé passe comme un éclair, pressée sans doute de nourrir sa progéniture. Et là, sur un grand feuillus, trois Sizerins cabarets jouent à cache-cache, trahis par leur bonnet et leur gorge rouge-rosé.
Sur les cimes, un Faucon crécerelle pratique son vol stationnaire, dit “du St-Esprit”, tandis qu’un Pipit des arbres pousse la chansonnette depuis la cime d’un épicéa. Quelques Corneilles noires passent çà et là, et on entend aussi le Merle à plastron. Deux Milans royaux accompagnés d’un Milan noir passent sur les flancs verts de la montagne, pendant que les Chocards à bec jaune font des pirouettes bruyantes sur les hauteurs. L’arrivée à un petit bosquet ouvert nous offre le chant d’une Fauvette des jardins, dont la disparition du canton de Genève donne d’autant plus de valeur à l’instant.
La suite de notre promenade nous fera à nouveau entrer dans une forêt de pente, parfois très escarpée. Par moments, nous devons concentrer le regard sur nos pieds, au détriment des espèces que notre présence fait s'envoler. Seules les oreilles restent bien attentives et permettent de déceler le chant d’une Mésange nonnette et les cris de Linottes mélodieuses en vol. Deux Casse-noix mouchetés passent bruyamment au-dessus de nos têtes. Le nez en l’air grâce à eux, nous notons des Hirondelles de rochers qui tantôt se découpent dans le ciel, tantôt se confondent avec la pierre. La Mésange boréale alpestre et le Coucou gris se signalent sur la dernière ligne plus ou moins droite. Et, chose exceptionnelle, le Bouvreuil pivoine émet son chant peu commun, plus long et très doux. Comme si le dessert arrivait en avance.
Milan noir - Photo : C. Morzier
L’arrivée au Lac de Tanay est grandiose et fraîche. Nous trouvons un promontoire rocheux au bord de l’eau et cassons la croûte au-dessus des reflets verts et bleus, sous le vol attentif d’un Milan noir, lui aussi probablement à la recherche de nourriture. Nous admirons quatre Vautours fauves qui semblent prendre congé de la montagne pour découvrir un ailleurs, en planant élégamment les uns derrière les autres. Les Bergeronnettes grise et des ruisseaux apprécient le toit d’un petit chalet, tout comme les Rougequeues noirs qui crépitent sur les faîtes. La terrasse d’une sympathique auberge nous fait de l’œil et nous décidons d’y prendre un café-douceur pour clore la pause de midi. Un Accenteur mouchet semble approuver en chantant assidûment dans une haie toute proche. Malgré nos recherches, il saura rester invisible.
Nous repartons sur les hauteurs en contournant le lac, sous le cri extraordinaire du Grand Corbeau qui résonne dans la vallée. Dans la piste raide qui nous ramènera au point de départ, un Pouillot siffleur chante dans les feuillus. La dernière espèce de cette journée éclatante.
Malgré l’enthousiasme de nos recherches, quelques espèces ont manqué à l’appel ou nous ont échappé, dont le Tarier des prés (pas étonnant cependant, vu le manque de vraies prairies maigres) et la Fauvette babillarde, alors que nous avons visité son milieu préféré, caractérisé par une végétation ouverte, buissonnante avec quelques résineux peu élevés. Les Pics épeiche et noir également, pourtant souvent présents en forêts d’altitude. Enfin, nous aurions pu aussi apercevoir le Gypaète barbu ou l’Aigle royal… Mais ce sera pour la prochaine fois, car il y en aura une, c’est sûr !
Ambiance pic-nic sur un promontoire accueillant ! - Photo : A. Bossus
Photos ci-dessus, au centre : Chamois et son jeune - Buse variable - P. Rezzonico / Horde de Bouquetins - C. Morzier