Plage d’Excenevex et Domaine de Guidou

Excenevex, Sciez F74, 516-520/132-133, 380 m

 

Située sur la rive française du Léman, la région d’Excenevex regroupe plusieurs sites d’intérêt régional pour l’observation des oiseaux. Si les visites estivales sont peu recommandées en raison de l’affluence des vacanciers, les autres saisons valent le détour, en particulier en matinée.

La plage d’Excenevex et celle de Coudrée forment ensemble un très bon « spot » à visiter en automne, en hiver et au printemps. Il s’agit d’une des rares plages de sable du Léman, qui plus est de grande taille, ce qui profite à toute une série de limicoles, laridés et ardéidés en escale. Une avifaune peu abondante mais toujours très diversifiée occupe les lieux, si bien que deux journées d’observations vous amèneront à coup sûr des espèces différentes. Parmi les limicoles les plus réguliers, on note les Bécasseaux variable, sanderling et minute, les Grand et Petit Gravelots, les Chevaliers aboyeur, gambette, guignette et sylvain et le Combattant varié. Il arrive parfois que des chevaliers ou bécasseaux plus rares fassent escale, comme d’autres limicoles (Avocette, Barge rousse, Échasse, courlis, etc.), pour le plus grand bonheur des observateurs.

La plage est également un site d’escale pour de nombreux canards ainsi que pour le Tadorne de Belon et le Harle bièvre. Pensez à bien scruter les groupes de Mouettes rieuses, dans lesquels se mêlent volontiers une Mouette mélanocéphale, voire quelques Sternes pierregarins, plus rarement caugeks ou caspiennes.

En automne, en addition à cette liste, les quatre espèces de labbes peuvent potentiellement passer au large, bien qu’il soit difficile de les apercevoir depuis la rive. La Mouette de Sabine a également été notée en halte migratoire, elle aussi très au large. Avant de clôturer votre visite, n’hésitez pas à guigner dans les arbres et arbustes du camping et les buissons du côté de Coudrée, à la recherche de migrateurs stationnés. Pouillots de différentes espèces, Rougequeue à front blanc, Fauvette grisette et même Huppe fasciée, entre autres, sont réguliers.

Chevalier gambette et Tournepierre à collier - Photo : A. Barbalat

La «mauvaise» saison réserve également son lot de surprises. Les limicoles se font plus rares, mais quelques Bécasseaux variables passent parfois l’hiver. La star de la plage est sans conteste le Tournepierre à collier, observé chaque hiver depuis 1997 au moins ! Un Phalarope à bec large a aussi été observé en janvier 2011. Parfois, proche du bord, il est possible de faire de belles observations de Canards siffleurs, chipeaux, souchets et même pilets, au milieu des Sarcelles d’hiver. Un coup de jumelles parmi les laridés peut aussi s’avérer intéressant : Goélands cendrés et bruns, parfois même un pontique, peuvent être présents. Au large, toute une panoplie d’espèces nordiques, assez peu fréquentes en Europe centrale, peuvent être dénichées : Harles huppé et piette, Macreuses brune et noire, Eider, Plongeons arctique et catmarin, Grèbes à cou noir, jougris et esclavon et pourquoi pas une Harelde ! Parfois passent aussi des groupes de Mouettes pygmées.

N’hésitez pas à vous déplacer sur la côte, tant en direction d’Yvoire que du côté du port de Sciez. Nombreux sont les points de vue sur le lac et ces différents arrêts augmenteront vos chances d’observer des oiseaux au large. Plus « reculée» à l’intérieur des terres, une petite zone humide est présente en plein centre du domaine de Guidou. Malgré sa petite taille, vous serez bluffés par la diversité avifaunistique de ce site, surtout au printemps. L’observation est possible depuis un observatoire rénové récemment, ou depuis les chemins balisés. Pour garantir la tranquillité des oiseaux, il est formellement interdit de franchir la barrière pour se rendre à proximité de l’étang et dans la roselière ou dans le pâturage adjacent !

En migration, en fonction du niveau d’eau, il sera possible de rencontrer les mêmes espèces de limicoles que sur la plage, bien qu’en nombres plus modestes. À ceux-ci s’ajouteront différents ardéidés et autres passereaux fréquentant la roselière, comme le Bruant des roseaux, la Rémiz penduline et la Rousserolle turdoïde. Dans la prairie s’arrêtent régulièrement les Bergeronnettes grises et printanières, parfois en nombre, ainsi que les Tariers pâtres et des prés, survolés parfois par un Busard des roseaux. Les buissons de saules formant un joli bosquet à l’ouest de la zone humide constituent un très bon point d’escale pour les passereaux. Divers pouillots, fauvettes et rousserolles sont ainsi observables depuis le chemin, parfois aussi une Locustelle tachetée ou une Hypolaïs polyglotte.

En saison estivale, les oiseaux se font plus discrets, mais il est toujours possible d’observer quelques spécialités, notamment tôt le matin. Les nicheurs comptent notamment la Rousserolle effarvatte, le Râle d’eau, le Rossignol philomèle et la Pie-grièche écorcheur. Le Loriot, la Tourterelle des bois et le Pic noir hantent également les lieux et raviront peut-être le promeneur chanceux.

En hiver, on trouve toutes sortes de canards, ainsi que la Poule-d’eau, les Pipits farlouse et spioncelle, la Bécassine des marais et parfois même la Bécassine sourde. Le Choucas des tours et le Busard Saint-Martin viennent compléter le tableau, cherchant de la nourriture dans les prairies environnantes. Dans la zone arborée, il est possible de dénicher quelques Bec-croisés, Bouvreuils ou un Accenteur mouchet.

Si vous visitez la région au printemps entre mi-avril et mi-mai (ou dans une moindre mesure en août-septembre), laissez-vous tenter par un détour au lieu-dit « Les Contamines ». Il s’agit d’une série de champs, à l’est de Sciez, favorables à l’observation d’espèces intéressantes telles que le Pipit rousseline et de son cousin à gorge rousse, du Bruant ortolan et parfois des Alouettes lulu, calandrelle et même calandre ! Peut-être aurez-vous aussi la chance d’y découvrir un Busard cendré de passage ?

Accès

Depuis Genève, prendre la route de Thonon, traverser la douane et continuer toujours tout droit jusqu’à Sciez. Pour la plage d’Excenevex, prendre à gauche au rond-point en direction du village du même nom. Vous pouvez vous garer au parking public de la plage. Pour le Domaine de Guidou, continuer encore quelques centaines de mètres, passer le grand cordon boisé et suivre l’indication «Domaine de Guidou» ou les «Aigles du Léman». Laisser la voiture au parking du musée de la préhistoire et continuer à pied.

En transports publics, l’itinéraire est plus compliqué le week-end, car les bus sont peu nombreux. Depuis la gare routière de Genève, sous la gare de Cornavin, il vous faudra prendre la ligne T71 jusqu’à Sciez.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Bastien Guibert

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