Plaine de l’Aire

Bernex, Confignon, Perly-Certoux GE, 494-496/112-114, 405 m

 

Longtemps endiguée dans le béton afin de gagner en terres agricoles, la rivière de l’Aire retrouve aujourd’hui une partie de sa liberté. La région offre des habitats favorables à une faune riche et un cadre paysager de qualité, en marge duquel chemine une promenade agréable pour le public.

Jadis fortement polluée, l’Aire a longtemps été interdite à la baignade et à la pêche. D’autres problèmes furent aussi pointés du doigt, notamment les inondations ayant durement touché le village de Lully au début des années 2000, induites par la domestication du cours d’eau et sa mauvaise gestion des crues. Un projet de revitalisation a dès lors été mis en place, comprenant d’imposants travaux réalisés en plusieurs étapes et répartis sur une vingtaine d’années. L’Aire retrouve aujourd’hui son aspect naturel et son intérêt pour la biodiversité; néanmoins, la pression importante exercée par les promeneurs et les chiens pourrait avoir un impact négatif sur ce site, si des règles strictes ne sont pas suivies. Merci, lors de votre passage, de respecter le milieu et de ne pas sortir des chemins.

Votre balade vous conduira forcément le long de la rivière; différentes zones valent alors la peine d’être prospectées: l’amont et l’aval du pont de Lully, la « zone des losanges » et le pont des marais. Mais n’oubliez pas de vous promener sur les chemins agricoles dans la région des Ruttets et des Damians. La pépinière Batiaz peut également apporter quelques espèces intéressantes.

Bécassine des Marais - Photo : A. Barbalat

C’est durant la période de migration (printemps et automne) que le site s’enrichit d’oiseaux profitant de cette zone naturelle pour faire escale lors de leur voyage. Les bords de l’Aire sont alors propices à l’observation d’oiseaux aquatiques peu communs, tels que la Bécassine des marais, l’Aigrette garzette, le Bihoreau gris et la Sarcelle d’été. De temps à autres, un ou deux limicoles cessent également leur périple pour reprendre des forces; Petit Gravelot, Chevaliers aboyeur, culblanc, guignette et sylvain sont les plus fréquemment observés, mais le Chevalier gambette, le Combattant et l’Échasse y ont aussi été notés. S’arrêtent de manière occasionnelle également le Héron pourpré et le Crabier chevelu. Certaines années, le Guêpier d’Europe est vu en chasse aux abords de la rivière. En scrutant les roseaux lors de vos visites, avec de la persévérance et une pincée de réussite, vous pourrez peut-être admirer la magnifique Gorgebleue à miroir ou la Marouette ponctuée, toutes deux de passage irrégulier. Aux abords directs de la rivière, les zones plus structurées sont idéales pour rechercher le Bruant zizi, le Pouillot fitis, les Gobemouches noir et gris, la Fauvette babillarde, la Locustelle tachetée et le Torcol fourmilier. Plus rarement, la Huppe fait même une brève apparition. La zone agricole recèle des parcelles intéressantes pour l’escale de pipits (les cinq principales espèces ont été observées), du Tarier des prés, du Traquet motteux et parfois du Vanneau huppé ou encore du Bruant ortolan, plus rare. Elle sert également de terrain de chasse au Milan noir, mais aussi occasionnellement aux Busards des roseaux et cendrés. D’autres rapaces sont, quant à eux, observés uniquement en migration active : Faucon hobereau, Bondrée apivore, Milan royal ou même Faucon kobez. Il en va de même pour la Cigogne blanche, qui survole annuellement le site par petits groupes. En automne principalement, des rassemblements de Goélands leucophées se forment dans la région des Damians, parfois accompagnés d’un Goéland brun ou d’une Mouette mélanocéphale.

En plein cœur de la saison de nidification, on peut découvrir une avifaune encore relativement riche. Tarier pâtre, Fauvette grisette, Hypolaïs polyglotte, Bruant proyer et Pie-grièche écorcheur animent les haies indigènes, nourrissant leur couvée. Survolés par l’Alouette des champs, vous pouvez également rechercher le Faucon crécerelle nichant sur les granges, ainsi que la Bergeronnette printanière, qui se reproduit en petit nombre dans la plaine de l’Aire. En longeant la rivière, vous admirerez les quelques familles de Foulques, Colverts, Poules-d’eau et Harles bièvres. Il arrive même que le Petit Gravelot tente une nidification. Vous aurez peut-être aussi l’opportunité de voir le Rossignol, le Gobemouche gris ou le Pigeon colombin.

Les feuilles tombent, les insectes disparaissent ; l’hiver et le calme s’installent dans la plaine. S’invitent alors à la fête divers groupes de Bruants des roseaux, jaunes et plus rarement zizis. La rivière devient le terrain de chasse de la Bergeronnette des ruisseaux, du Pouillot véloce, du Râle, de la Bécassine des marais et du Martin-pêcheur. Seul le Canard colvert est commun, les autres anatidés ne faisant que des apparitions occasionnelles. La zone agricole est occupée par le Corbeau freux, le Héron cendré et la Grande Aigrette. Ces zones ouvertes sont également appréciées par l’Autour, le Busard Saint-Martin et le Faucon pèlerin en chasse. Les zones buissonnantes peuvent valoir un détour, à la recherche des grives (quatre espèces), de l’Accenteur mouchet, de la Pie-grièche grise ou d’un éventuel Bruant fou. N’hésitez pas aussi à scruter le ciel, dans l’espoir d’apercevoir un éventuel groupe de Grues cendrées !

Accès

En bus depuis la gare Cornavin, prendre le tram 14 en direction du P+R Bernex. Descendre à «Confignon-Croisée» puis prendre le bus 42 en direction de Palettes ou de Carouge. Descendre ensuite à l’arrêt «pont de Lully » et continuer à pied. Si vous terminez votre balade en aval, au pont des marais, vous ne serez plus qu’à 10 minutes de marche du tram 14, qui vous ramènera directement à la gare.

À vélo depuis la gare Cornavin, descendre tout droit vers le lac puis longer le Rhône vers l’aval. Au niveau du pont Sous-Terre, prendre à gauche, traverser le second pont puis monter en direction du Petit-Lancy et continuer toujours tout droit sur la Route de Chancy. Une fois arrivé à la croisée de Confignon, prendre à gauche direction Lully. Il est possible, dès le village de Confignon, de descendre vers la rivière et de longer celle-ci.

En voiture, depuis l’autoroute en direction de la France, sortir à Bernex puis prendre à gauche direction Genève. Tourner ensuite à droite en direction de Confignon / Lully. Laisser alors la voiture dans l’un de ces deux villages et descendre vers la rivière afin de continuer votre balade à pied.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Bastien Guibert

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