Pointe à la Bise

Collonge-Bellerive GE, 503/122, 370 m

 

La Pointe à la Bise est la dernière roselière lacustre du canton de Genève. Située sur la commune de Collonge-Bellerive, cette réserve créée en 1932 est un lieu d’escale et d’hivernage important, ainsi qu’un site majeur pour la nidification de certaines espèces aquatiques.

Cette petite réserve isolée et entourée par des habitations possède un centre-nature géré par Pro Natura et une grande tour d’observation en bois offrant une vue panoramique sur le lac et la roselière. Depuis l’entrée, un sentier didactique offre aux familles et aux visiteurs curieux de nature la possibilité de découvrir la biodiversité des lieux. Le centre organise régulièrement des activités pour le public. Cet îlot de nature fait l’objet de quelques conflits d’intérêts, notamment liés à la cohabitation avec le camping et le club d’aviron. Ce dernier possède en effet son seul accès au lac au milieu de la roselière, ce qui constitue un dérangement conséquent tout au long de l’année. Néanmoins, la réserve accueille de nombreuses espèces intéressantes. À noter que l’accès à ce ponton est interdit au public, les observateurs devant se concentrer sur la tour d’observation et le camping et ne pénétrer en aucun cas dans la roselière ou sur la plage.

Au printemps, la plage de gravier qui se forme en marge de la roselière, lorsque le niveau du lac est bas, constitue un site d’escale intéressant pour les limicoles. Chevaliers aboyeur, gambette, guignette, culblanc et sylvain sont les plus communs, accompagnés régulièrement de Petits et Grands Gravelots, Combattants variés et Bécassines des marais. Plus rarement peuvent s’arrêter des bécasseaux, barges ou courlis, une Échasse blanche, une Avocette élégante, un Chevalier stagnatile ou encore un Tournepierre à collier. Des Canards chipeaux, Sarcelles d’été et d’autres anatidés et ardéidés s’arrêtent également sur les plages.

Le niveau d’eau étant variable, chaque visite sera différente. À partir de début avril arrivent les premières Sternes pierregarins, parfois accompagnées d’une autre espèce plus rare comme les Sternes caugek ou naine. Les données historiques laissent parfois rêver… Les Sternes hansel, arctique et même voyageuse ont déjà été notées ! Même s’il s’agit là d’observations exceptionnelles, une surprise est toujours possible. N’oubliez pas de jeter un œil au large, par-delà les balises limitant la réserve ; les groupes de Mouettes pygmées et de Guifettes noires sont réguliers en mai, et parfois se cache parmi elles la rare Guifette leucoptère . Un coup d’œil dans la roselière permettra peut-être à l’observateur d’y découvrir quelques espèces peu fréquentes, comme la Rémiz penduline, les Locustelles tachetée et luscinioïde, voire même la Panure à moustaches, déjà vue à quelques reprises. Avec de la chance, on peut parfois découvrir une marouette, un Râle d’eau ou une Gorgebleue à miroir au pied des roseaux. Les passereaux migrateurs ne sont pas en reste : Pouillots fitis, siffleur et Bonelli, Gobemouches noir et gris, grives et autres peuvent notamment être observés.

En période de nidification, la réserve abrite la plus importante colonie de Grèbes huppés du canton. Plusieurs dizaines peuvent être observés effectuant leur danse nuptiale et le spectacle vaut le détour. Une autre star de la Pointe à la Bise depuis sa revitalisation est le Blongios nain, avec un ou deux couples nicheurs selon les années. Le Grèbe castagneux, le Canard colvert, la Nette rousse, le Râle d’eau, la Foulque macroule, la Gallinule poule d’eau, la Chouette hulotte, la Rousserolle effarvatte et probablement le Bruant des roseaux sont des nicheurs réguliers dans ou aux abords de la réserve. Il n’est pas rare d’entendre une ou deux Rousserolles turdoïdes, particulièrement le matin. Cette espèce niche de manière irrégulière sur le site. En 2015, une Locustelle luscinioïde est même restée toute la saison. Au camping se nourrissent souvent quelques Bernaches du Canada, issues de parcs ou d’élevages, qui fréquentent le site depuis plusieurs années.

Vous vous demanderez peut-être ce que sont ces radeaux flottants que l’on peut voir depuis la tour, en marge de la roselière? Il s’agit de «radeaux à sternes», ayant pour but de recréer artificiellement l’habitat de la Sterne pierregarin, fortement menacée en Suisse en raison de la disparition quasi totale de ses sites de reproduction, les bancs de sables et de graviers non perturbés. Le premier, installé en 2010, fut rapidement colonisé par celles-ci. Les problèmes de cohabitation avec le Goéland leucophée ont cependant compliqué grandement la nidification des sternes ces dernières années et, malgré les efforts mis en place, il n’y a plus eu de nidification réussie depuis 2012. Un deuxième radeau a été installé durant l’hiver 2017/2018. Les sternes peuvent toujours être vues sur les balises ou en vol, et nous espérons les y revoir nicher bientôt.

En fin d’été se forme souvent un dortoir de plusieurs centaines d’hirondelles, qui peuvent être observées quittant la roselière peu après l’aube, parfois chassées par un Épervier. Durant la migration automnale, les limicoles se font plus rares car ils trouvent moins de zones exondées. Le site conserve malgré tout un attrait certain. En effet, toutes sortes de canards peuvent être vus, dans le périmètre de la réserve ou formant parfois des petits groupes au large (Canards souchets et siffleurs, Tadornes de Belon, etc.). L’observateur attentif remarquera vite qu’un matin d’automne peut amener de belles surprises. Un œil exercé et une oreille attentive permettront peut-être de voir un bécasseau, chevalier ou autre limicole en vol, alors qu’au large passent parfois la Sterne caspienne, le Balbuzard pêcheur ou encore, avec de la chance, un labbe (les quatre espèces ont déjà été observées sur le Petit Lac). Dans la roselière, quelques Phragmites des joncs côtoient parfois les pouillots et autres passereaux en escale.

C’est en hiver que la réserve arbore son plus beau « plumage » ; des centaines de Fuligules morillons et milouins passent leurs journées au repos, parmi lesquels se cachent les nyrocas et, parfois, un ou deux milouinans. Chaque hiver, au moins un Butor étoilé fréquente le site, à l’abri dans les roseaux (jusqu’à cinq ont été vus un matin de décembre!). Ils sont cependant très discrets et se camouflent à la perfection. Le Bruant fou fait parfois quelques apparitions parmi les Bruants des roseaux qui se nourrissent sur les inflorescences de roseaux. Au pied de la tour, il arrive régulièrement que le Râle d’eau se montre à découvert. Enfin, vous réussirez peut-être à repérer le sifflement aigu du Martin-pêcheur d’Europe, venu pêcher dans la lagune, ou encore l’Autour des palombes semant la panique parmi les canards.

Scruter le large à la longue-vue, lorsque le lac est plat, peut révéler bien des surprises. Plongeons, macreuses, Grèbe jougris et plus rarement Eider à duvet, Harles huppé et piette passent parfois l’hiver dans le Petit Lac et peuvent être observés depuis la tour ou depuis le camping. Parmi les grands groupes de Grèbes à cou noir, vous trouverez peut-être l’esclavon qui, bien que rare à l’échelle nationale, s’est montré relativement régulier à Genève ces dernières années. Pour ces espèces, il vaut parfois la peine de se poster dans le camping adjacent à la réserve, accessible librement durant tout l’hiver.

La Pointe à la Bise est aussi l’endroit idéal en hiver pour les laridés. En effet, le soir, un grand dortoir de plusieurs centaines de Goélands leucophées se forme sur les balises jaunes qui délimitent la réserve. Parmi eux, il est maintenant régulier d’y trouver des Goélands cendrés, bruns, pontiques ou encore argentés. Le Goéland marin est quant à lui beaucoup plus rare, mais a déjà été observé. Notons que les conditions d’observations au dortoir sont parfois difficiles car les goélands, observables uniquement à l’aide d’une longue-vue, se postent dans l’axe du soleil couchant, rendant l’observation peu aisée en cas de beau temps.

Accès

Depuis la gare Cornavin, prendre le premier bus qui vous amène à l’arrêt «Rive» (nombreuses lignes). Prendre ensuite le bus direction Hermance et descendre à « La Bise ». Continuer à pied en descendant vers le lac, en suivant la direction du camping.

En voiture ou à vélo, prendre la route de Thonon-Évian depuis le centre-ville. En haut de la rampe de Vésenaz (ne pas entrer dans le tunnel), prendre à gauche au carrefour direction Hermance puis, 500m plus loin, descendre à gauche vers le centre-nature et le camping TCS. Garez le véhicule au parking sur votre gauche et poursuivez à pied.

Renseignez-vous au préalable sur les horaires d’ouverture du centre, car l’accès y est sinon restreint. Si le centre est ouvert, l’accès à la tour d’observation est libre. Dans le cas contraire, il y a un cadenas à numéro qui permet d’accéder à la réserve. Le code, changé régulièrement, peut être obtenu par les membres de Pro Natura en contactant l’association genevoise.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Bastien Guibert (adapté de Cyril Schönbächler)

Précédent
Précédent

Plaine de l’Aire

Suivant
Suivant

L'identification des fringilles en hiver