Marais de la Versoix et Lac de Divonne

Divonne, Grilly, Sauverny F01, 500–501/132–136, 460 m

 

Il ne reste plus grand-chose des marais de la haute Versoix, où nichaient jusque dans les années 1970 le Courlis cendré et le Busard cendré. Fortement aménagée, cette plaine franco-suisse située dans un couloir de migration reste pourtant attrayante pour de nombreuses espèces.

C’est près des villages français de Vésenex et Crassy, à deux pas de la frontière, que commence la visite des lieux. Le marais des Bidonnes et ses environs présente une mosaïque d’habitats (champs, prairies, roselières sèches, étangs, buissons, bois) accueillant surtout de nombreux passereaux durant les périodes de migration. Les deux étangs de pêche au sud de Crassy peuvent abriter un Bihoreau, un Héron pourpré ou quelques Sarcelles d’été de passage. Plusieurs couples de Tariers pâtres et de Bruants des roseaux nichent dans la zone plus ouverte, où une plateforme d’observation a été aménagée ; en hiver, le Busard Saint-Martin y chasse volontiers. Les forêts alentour accueillent à la belle saison des espèces comme le Loriot, la Tourterelle des bois, le Pic épeichette et même le Pic mar depuis quelques années.

Deux mâles et une femelle de Nettes rousses - Photo : A. Barbalat

À un kilomètre de là se présente le lac de Divonne, créé au début des années 1960 à des fins de divertissement. L’été (et les week-ends de beau temps), il est d’ailleurs pris d’assaut par de nombreux baigneurs et autres amateurs d’aviron et de planche à voile. Les meilleures périodes pour l’observation sont donc l’hiver (peu profond, le lac accueille de nombreux canards) et les saisons de migration (le site est situé de façon stratégique entre le Léman et le Jura).

À la fin des années 1990, le lac s’était surtout rendu célèbre par l’important hivernage de Nettes rousses, qui dépassaient régulièrement les 400 individus. Ce phénomène a aujourd’hui disparu, mais l’espèce est désormais nicheuse presque chaque année. Autres hivernants, les Fuligules milouins et morillons peuvent se montrer assez nombreux, accompagnés de quelques Cormorans, Canards siffleurs et Sarcelles d’hiver. Au gré du gel ou des dérangements, ceux-ci peuvent effectuer des allers-retours journaliers vers le Léman non loin. Une Oie des moissons a également hiverné en 2003/2004.

Au passage printanier, toutes sortes d’espèces peuvent se rencontrer : Sarcelle d’été, Canards souchet, chipeau et pilet mais aussi quelques limicoles comme le Combattant et les Chevaliers culblanc ou sylvain. Ces derniers se tiennent généralement soit sur la plage à l’ouest, soit dans les prés humides de l’écurie, en bordure nord-est du lac. Plus rares, le Grèbe jougris, le Butor étoilé, le Harle piette, le Fuligule nyroca, le Grand Gravelot et le Bécasseau minute peuvent parfois faire escale. Le Petit Gravelot est régulier et il arrive même qu’un couple tente de se reproduire, le plus souvent sans succès.

Au nord du lac, une zone de champs et de buissons accueille volontiers quelques pipits, traquets, bergeronnettes et fauvettes au printemps. Un coup d’œil sur les terrains de l’hippodrome, au sud-est, permettra aussi de repérer d’éventuels migrateurs en escale. L’automne, il faudra tendre l’oreille pour repérer les groupes d’Alouettes des champs (parfois accompagnés de quelques Alouettes lulus) et être attentif à la présence de la Rémiz ou du Martin-pêcheur dans les roselières. Une Mouette mélanocéphale peut aussi se dissimuler dans un groupe de laridés. Un coup d’œil vers la Dôle (sommet vaudois du Jura) permet souvent de repérer quelques rapaces, voire des Cormorans ou même quelques Grues ou Cigognes noires en migration.

En poursuivant son chemin vers le sud, le randonneur parviendra aux marais de la Versoix proprement dits. Ceux-ci longent la rivière sur les deux rives (française et vaudoise), et sont plus vastes et plus humides que les marais des Bidonnes. C’est au printemps que la diversité est la plus importante, surtout en matière de passereaux : Fauvette grisette, Rousserolles verderolle et effarvatte, Bruant des roseaux, Tarier pâtre, Rossignol et Hypolaïs polyglotte sont tous nicheurs, tout comme la Caille qui chante dans les champs des deux rives. Quelques raretés sont parfois de la partie, comme le Crabier chevelu. Un Phragmite aquatique y a même séjourné quelques jours en avril 2014. Le Râle d’eau se fait entendre tout au long de l’année et d’autres rallidés et ardéidés comme le Blongios sont sans doute réguliers lors des passages, mais restent discrets. Sur la Versoix même, on peut parfois surprendre quelques Sarcelles d’hiver ou autres canards de passage, et lorsque son niveau est bas en juillet-août, des chevaliers se nourrissent sur les berges ou dans les champs environnants. Enfin, mentionnons l’hivernage régulier du Pouillot véloce, de l’Accenteur mouchet, du Râle, de la Bécassine des marais et même de la Bécassine sourde.

Accès

Côté nord, l’accès aux marais des Bidonnes se fait depuis la route de Crassier VD à Divonne ; longer le chemin à partir des dernières maisons jusqu’aux étangs (notez que cette route est interdite à la circulation), puis continuer tout droit et traverser le petit canal. Vous trouverez un panneau d’information et un plan de la réserve. Un court sentier mène à la plateforme d’observation, bien située mais à contrejour le matin (un télescope est utile).

Le lac de Divonne est très facile d’accès et il est possible d’en faire le tour entièrement (la petite plage est payante mais visible depuis la route) ; nous conseillons les visites au lever du jour ou en semaine, hors des pics d’affluence des promeneurs et des baigneurs.

Enfin, le marais de la Versoix plus au sud est accessible du côté suisse comme du côté divonnais. Cette dernière option offre un meilleur point de vue depuis le talus sur la rive nord de la Versoix. Pour se rendre à Divonne, des bus effectuent la liaison avec Nyon (8km) et Genève (16km) mais de façon peu fréquente.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Jérémy Savioz (adapté de Bram Piot)

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