Marais de Sionnet

Meinier, Choulex GE, 507/120-121, 430 m

 

Il ne reste plus grand-chose de la vaste plaine marécageuse d’antan où venaient patiner les habitants de Meinier, l’hiver venu. Longtemps dévolues à l’agriculture, ces surfaces ont retrouvé leur aspect naturel au terme d’un vaste projet de renaturation qui place aujourd’hui Sionnet parmi les «hot spots» de l’ornithologie romande.

Le XXème siècle fut le théâtre de vastes plans de drainage des terres humides présentes aux alentours de Meinier, dans le but d’étendre les surfaces agricoles. C’est aussi à cette fin que fut canalisée la Seymaz, transformant l’unique rivière 100% genevoise en un canal de béton monotone. Dans le but de limiter les dégâts dus aux crues dans les hameaux en aval, des essais d’inondations de parcelles – connues aujourd’hui sous le nom de «marais de Sionnet » – ont eu lieu au début de ce siècle. Ces parcelles agricoles, une fois remplies d’eau, ont révélé un grand intérêt pour les oiseaux.

Motivés par les avantages techniques et écologiques de tels aménagements, un projet de renaturation fut mis en place en 2005. Les digues en béton de la rivière furent détruites, de nombreuses haies plantées et plusieurs parcelles mises à disposition comme « zone inondable». Les principales sont les Creuses, le Pré de l’Oie, l’Ancien marais de Sionnet – ou «Parcelle Corthay » – et le Pré de la Donnaz. Cette zone de cultures intensives a vu son paysage se structurer, créant de nombreux habitats intéressants au milieu d’un environnement très cultivé. Dès lors, l’attrait ornithologique de ce site n’est plus à prouver, et cela en toute saison. À ce jour, pas moins de 250 espèces y ont été observées, et ce nombre ne va probablement pas s’arrêter là. En plus des parcelles déjà mentionnées, les champs et haies des environs peuvent aussi réserver de bonnes surprises et méritent donc le coup d’œil. Lors de votre visite, nous vous prions de respecter les mises à ban et de rester impérativement sur les chemins pour éviter tout dérangement à la faune !

C’est sans aucun doute au printemps que le site est le plus intéressant. Dès le mois de mars, la migration bat son plein et des milliers de passereaux migrent au-dessus de cette plaine, accompagnés par de nombreux rapaces et même quelques limicoles. Lors d’une belle journée de mars, il n’est pas rare de voir quelques Cigognes blanches et parfois même des Grues cendrées. C’est également la période propice pour rechercher la rare Gorgebleue à miroir, qui fréquente chaque année le site à la fin mars. Les mois d’avril et mai apporteront les plus grandes listes journalières pour l’observateur averti. La plaine de Sionnet révélera alors, en plus des espèces nicheuses, des hôtes de passage fort intéressants.

À noter toutefois que le niveau de l’eau, variant chaque année, et la croissance de la végétation ont une grande influence sur la présence des ardéidés, anatidés et limicoles. Parmi les premiers, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Héron pourpré et Bihoreau gris sont réguliers. Ce dernier est à rechercher notamment dans les buissons de saules de l’Ancien marais. Le Crabier chevelu et le Héron garde-bœufs quant à eux restent rares, mais réguliers. La présence de limicoles est très aléatoire et dépend notamment du niveau d’eau. Plus celui-ci est élevé, meilleur sera le résultat. Certaines saisons se verront donc très calmes. Néanmoins, lors de bonnes années, il est régulier d’observer des Chevaliers aboyeurs, culblancs et sylvains (plus rarement arlequins et gambettes), Petits Gravelots, Combattants variés, Vanneaux huppés et Bécassines des marais. De manière plus occasionnelle, l’observateur chanceux pourra également voir un ou deux bécasseaux, une barge, un pluvier, un courlis ou encore une Échasse. Tous les canards peuvent y être observés, bien que le Pilet reste rare. Soyez curieux et scrutez la bordure des roseaux, vous pourrez peut-être découvrir un Râle d’eau, une Marouette ponctuée, voire même une Marouette poussin. C’est également un endroit propice à l’observation des Rousserolles effarvattes et turdoïdes, Phragmites des joncs, Locustelles luscinioïdes et Rémiz pendulines. Ces dernières apprécient notamment les massettes.

Dans le ciel passent de nombreux rapaces et les bonnes journées voient défiler des dizaines voire centaines d’oiseaux ; Milan noir et Buse variable sont les deux espèces dominantes, mais souvent s’ajoutent à la liste le Milan royal, l’Épervier d’Europe, les Busards des roseaux, Saint-Martin et cendré, la Bondrée apivore (dès fin avril), la Cigogne blanche et plus rarement le Balbuzard pêcheur, le Faucon émerillon, la Cigogne noire ou même l’Aigle royal. Le Circaète Jean-le-Blanc et le Vautour fauve ont déjà été observés.

Les champs autour du site sont propices à l’escale de la Bergeronnette printanière, de pipits en tous genres, du Traquet motteux, du Tarier des prés et même parfois du Bruant ortolan. Les Alouettes calandres et calandrelles ainsi que l’Œdicnème criard y ont déjà été notés, mais ces apparitions restent rarissimes. La Huppe et le Torcol quant à eux sont observés chaque année mais se montrent généralement discrets.

Prenez le temps de rechercher d’autres espèces près des haies, notamment celle longeant l’Ancien marais ; Fauvettes babillarde, grisette et des jardins, Gobemouche noir, Pouillot fitis, Rossignol et de manière exceptionnelle Pie-grièche à tête rousse y font escale. Le printemps est d’ailleurs la période la plus propice pour tomber sur quelques surprises inattendues. Pour exemple, le printemps 2010 a offert aux ornithologues locaux deux Marouettes poussins, un Bruant nain, un Phragmite aquatique, deux Bergeronnettes citrines, un Ibis falcinelle, une Hirondelle rousseline et de nombreux Pipits à gorge rousse, tout cela en l’espace de quelques semaines ! Parmi les autres raretés mentionnées ces dernières années, on peut citer le Rollier d’Europe, la Spatule blanche, le Busard pâle et la Pie-grièche à poitrine rose.

En période de nidification, on peut y observer de nombreuses espèces aquatiques comme le Blongios nain, le Grèbe castagneux, la Gallinule pouled’eau, le Harle bièvre, les Faucons crécerelle et hobereau, le Râle d’eau mais aussi la Chouette hulotte, la Chevêche, le Hibou moyen-duc, le Pigeon colombin et le Pic épeichette. D’autres passereaux se font volontiers entendre : le Rossignol philomèle, le Tarier pâtre, la Fauvette grisette, l’Hypolaïs polyglotte, les Rousserolles effarvattes (parfois parasitées par le Coucou) et turdoïdes, la Pie-grièche écorcheur ainsi que les Bruants proyers et des roseaux élèvent tous leurs jeunes dans la réserve et à ses alentours immédiats. La Marouette ponctuée s’attarde parfois au printemps ; nichera-t-elle un jour ? D’autres canards passent parfois une partie de l’été sur le site si le niveau de l’eau le permet : le Canard souchet (qui a même niché en 2016 !) ainsi que les Sarcelles d’hiver et d’été.

Plus la saison avance, plus le niveau d’eau baisse et la végétation s’accroît, ce qui rend l’observation des oiseaux posés difficile jusqu’à la fauche annuelle, qui a d’ordinaire lieu au mois d’août. La migration automnale peut potentiellement offrir les mêmes espèces qu’au printemps, mais tout cela de manière plus aléatoire et en nombre plus restreint. Néanmoins, les champs, friches et bordures de haies valent le détour, tout comme la roselière. La Gorgebleue, la Locustelle tachetée et le Phragmite des joncs s’y arrêtent régulièrement. D’autres passereaux en escale, comme divers pipits, bergeronnettes et tariers, sont susceptibles de passer au travers des jumelles de l’ornithologue. Lors des labours, des groupes de Goélands leucophées font leur apparition, et avec eux souvent un ou deux Goélands bruns. Le marais en lui-même étant souvent à sec, il est plus difficile de rencontrer des limicoles. Néanmoins, lors d’automnes pluvieux s’arrêtent régulièrement quelques chevaliers, Combattants et parfois le Bécasseau minute. À deux reprises, le très rare Bécasseau tacheté a également fait escale.

En hiver, le Busard Saint-Martin et le Butor étoilé hantent régulièrement les lieux. Autres espèces sont régulières : Héron cendré, Grande Aigrette, Faucons pèlerin et crécerelle, Épervier et Autour, Bécassine des marais, Martin-pêcheur et Pigeon colombin. Dans les champs traînent des groupes d’Alouettes des champs, de Pipits farlouses et spioncelles ainsi que quelques Bruants des roseaux. Ces dernières années, une dizaine de Bruants proyers ont hiverné sur place, en restant très discrets cependant. La Grive mauvis accompagne parfois les groupes de Grives litornes présents. Si les marais ne sont pas gelés, Canards colverts, siffleurs, chipeaux, souchets et parfois pilets accompagnent les Sarcelles d’hiver. Ces anatidés sont souvent proches du chemin et offrent de belles observations aux jumelles.

 

Accès

Pour les vélos et voitures, prendre la route de Thonon jusqu’à la Pallanterie (immense silo carré et gris, repérable de loin) et tourner à droite au rond-point, puis immédiatement à gauche en direction de Jussy. Le site de Rouelbeau est tout proche. Au rond-point de Meinier, continuer en direction de Jussy, puis prendre à droite en direction de Choulex.

Les voitures doivent se garer sur les places mises à disposition et il faudra ensuite faire les observations depuis les chemins officiels. Il est conseillé de ne pas laisser des objets de valeurs dans les voitures, car plusieurs cas d’effractions ont été notés. Pour les vélos, longez ensuite le canal jusqu’au marais.

En transport public : depuis la gare de Cornavin, prenez n’importe quel bus jusqu’à l’arrêt «Rive» (par exemple le n°25 ou le n°8).
Ensuite, trois options s’offrent à vous :

1) Coupler la visite avec le site de Rouelbeau : depuis Rive, prendre le bus direction Gy et descendre à «Carre d’Amont ». Continuer à pied jusqu’à Rouelbeau, puis longer la Seymaz jusqu’à Sionnet.

2) Depuis Rive, prendre le bus direction Puplinge et descendre à l’arrêt «Chevrier ». Longer ensuite la Seymaz vers l’amont jusqu’au marais (observations possibles le long du chemin dans un cadre agréable). Compter 15 à 30 minutes de marche.

3) Prendre le Léman Express pour se rendre à la gare de Chêne-Bourg, puis prendre un des bus de campagne et se rendre à l’arrêt «Centre horticole» ou «Route de Presinge». Depuis le rond-point non loin, la plaine marécageuse est bien visible. Une dizaine de minutes sont alors nécessaires pour s’y rendre.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Bastien Guibert (adapté de Cyril Schönbächler)

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