L'identification des petits limicoles en automne

Les petits limicoles sont régulièrement observés dans la Rade en automne. La difficulté de l’identification est plus élevée car les oiseaux ont perdu leur plumage nuptial et les jeunes de l’année ont souvent un aspect différent. Ici, nous vous proposons un résumé des principaux critères d’identification entre les espèces les plus fréquentes (gravelots, bécasseaux, tournepierre et Chevalier guignette).

 

LES BÉCASSEAUX 

Les différentes espèces de bécasseaux constituent souvent un défi pour l’observateur, c'est pourquoi il est important de connaître les éléments importants qui permettent de les distinguer. Nous noterons que les bécasseaux sont des oiseaux trapus avec des pattes relativement courtes pour des échassiers. Leur bec est le plus souvent relativement court.
 

Bécasseau variable (Calidris alpina)

Les pattes et le bec sont sombres. Le bec est également légèrement arqué.
Chez les jeunes de l’année en plumage juvénile, les parties supérieures, y compris la tête, sont brun-roux avec des motifs blancs contrastants sur le dos. Une bande rousse avec des taches diffuses est présente sur la poitrine. Le ventre est blanc tacheté de noir.
Le plumage d’hiver est bien plus terne : les parties supérieures sont grises et unies. Cependant, le Bécasseau variable a le ventre noir en plumage nuptial. Par conséquent, le ventre d’un individu en mue sera probablement encore marqué à la fin de l’été ou au début de l’automne.
En vol, le Bécasseau variable possède une fine ligne blanche le long de l’aile et un croupion blanc avec une bande noire en son centre.

Jeune Bécasseau variable, octobre 2013, Les Grangettes – photo : Jérémy Gremion
Les teintes rousses sont caractéristiques du jeune Bécasseau variable en automne. On distingue également le ventre taché de noir. Notez également les plumes ternes sur les couvertures alaires. Il s'agit des nouvelles plumes du plumage hivernal.

Bécasseau variable en plumage hivernal, décembre 2019,
Les Grangettes - photo : Claudia Hischenhuber
L’adulte et le jeune en plumage hivernal montrent une apparence bien plus terne que les juvéniles. Notez que chez cet individu, le bec est particulièrement long : ce caractère peut varier en fonction du sexe ou de la sous-espèce de l'oiseau.

Bécasseau cocorli (Calidris ferruginea)

En comparaison avec le Bécasseau variable, le Cocorli a un bec plus long, plus arqué, avec une extrémité fine. Ses pattes sont également plus longues, ce qui lui confère une silhouette plus élancée.
Les parties supérieures du plumage juvénile sont écailleuses et de façon générale bien plus grises que chez le Bécasseau variable. Le sourcil est blanc et proéminent.
En hiver, le Cocorli est uniformément gris sur le dessus et le ventre est blanc. Le sourcil est également blanc et proéminent.
En vol, le Bécasseau cocorli possède également une fine ligne blanche le long de l’aile. Contrairement au Variable, son croupion est entièrement blanc.

Jeune Bécasseau cocorli dans son premier plumage, septembre 2005, Quai Wilson, Genève – photo : Christian Fosserat
On reconnaît le jeune de l’année à l’aspect écailleux des parties supérieures. En comparaison au Bécasseau variable, observez le long bec arqué, le sourcil blanc proéminent et l’allure élancée.

Bécasseau sanderling (Calidris alba)

De manière générale, le Bécasseau sanderling est trapu avec un bec noir, fort et droit. Les pattes sont noires et relativement courtes. Notez que cette espèce ne possède pas de doigt postérieur.
Les juvéniles ont un plumage blanc structuré d’un motif écailleux noir sur le dessus. Les « coudes » sont plus sombres que le reste du plumage (mais ils peuvent être caché par les plumes des flancs).
En hiver, les Sanderlings (jeunes et adultes) sont des limicoles qui nous semblent généralement très blancs au premier abord. Le dos est plus gris mais globalement très clair. Les poignets sont encore plus sombres que le reste du plumage.
En vol, le croupion est sombre et les ailes montrent de larges bandes alaires blanches bordées de noir.

Bécasseau sanderling, janvier 2020, Hollande – photo : Jérémy Gremion
Notez que l’épaule noire est cachée par les plumes des flancs sur l’individu de gauche.

Bécasseau sanderling, janvier 2020, Hollande – photo : Jérémy Gremion

Bécasseau minute (Calidris minuta)

Petit bécasseau au bec court, fin et noir, et aux pattes foncées. Les sourcils blancs se rejoignent sur le front et donnent alors une impression de face très claire.
Les jeunes de l'année en automne ont un plumage qui tend vers le roux. Les plumes de couverture des ailes et du dos ont le centre noir, un liseré blanc et des teintes rousses : les parties supérieures paraissent écailleuses. Chez les individus plus marqués, des lignes blanches contrastent sur le dos.
En hiver, les plumes des parties supérieures de l’adulte sont grises avec le centre foncé. Les flancs sont gris et le ventre est blanc.
En vol, le croupion est blanc avec une bande noire en son centre. Le bout des rectrices est gris.

Bécasseau minute, fin août 2016, Les Grangettes - photo : Claudia Hischenhuber
Le petit bec noir, les sourcils larges qui se rejoignent sur le front, les teintes rousses et l’allure générale sont diagnostiques. On distingue également les lignes blanches sur le dos.

Bécasseau de Temminck (Calidris temminckii)

Ce bécasseau a une silhouette très allongée (la queue dépassant l’extrémité des ailes fermées). Le bec est sombre (la base est souvent plus claire), légèrement arqué et l’extrémité semble fine. Les pattes sont verdâtres. La poitrine présente une bande pectorale sombre contrastant avec le ventre blanc. La tête et les parties supérieures sont très peu marquées en comparaison aux autres espèces de bécasseaux présentées ci-dessus.
Le plumage juvénile présente un manteau plus écailleux souvent dans les tons brunâtres. Notez que les couvertures des ailes ne sont pas bordées de blanc.
En hiver, le manteau est encore plus terne et uniforme, dans des tons gris.
En vol, la queue et le croupion sont blancs et divisés dans le sens de la longueur par une bande noire.

Bécasseau de Temminck, 2018, Les Grangettes – photo : Claudia Hischenhuber
Sur cette image, on observe la bande pectorale, les pattes verdâtres, la forme du bec et l’absence de contrastes sur la tête.

Bécasseau de Temminck, 2018, Les Grangettes – photo : Claudia Hischenhuber
Le même individu que ci-contre. On notera la silhouette très allongée pour un bécasseau. Cette allure, le ventre blanc et les pattes verdâtres rappellent le Chevalier guignette.

Bécasseau maubèche (Calidris canutus)

Gros bécasseau à l’allure trapue. Le bec est fort, court, sombre et très légèrement arqué. La couleur des pattes peut varier du verdâtre au gris très foncé. Le Maubèche a un sourcil peu marqué.
Comme chez la plupart des limicoles, le plumage juvénile présente un manteau plus écailleux. Également, le ventre et le poitrail ont des teintes jaunâtres.
Le plumage hivernal est bien plus uniforme et gris.
En vol, on reconnaîtra cette espèce à ses barres alaires blanches contrastant avec le reste des rémiges noires. Le croupion plus clair est recouvert de bandes grises.

Jeune Bécasseau maubèche dans son plumage juvénile, septembre 2015, Préverenges (Île aux Oiseaux) - photo : Claudia Hischenhuber
L’aspect général rond et robuste, le bec épais et noir, le sourcil peu marqué et les pattes verdâtres sont diagnostiques. L’aspect écailleux du dos et des couvertures alaires indique qu’il s’agit d’un jeune de l’année.

 

LES GRAVELOTS

Les gravelots sont des échassiers à l’aspect « rondouillard » avec un bec court. Leur dos est brun et les côtés du cou sont généralement marqués de motifs plus sombres.
 

Petit Gravelot (Charadrius dubius)

Silhouette plus élancée que le Grand Gravelot : plus petit mais paraît plus haut sur pattes et a un bec plus fin et plus pointu. Le motif sombre de la joue se termine en pointe vers le bas. Chez les adultes en plumage internuptial et les jeunes en plumage juvénile, le cercle orbiculaire est présent mais peu visible. Enfin, le sourcil contraste généralement très peu avec le reste de la tête.
En vol, le Petit Gravelot présente une fine barre alaire blanche peu visible.

Petit Gravelot, octobre 2015, Les Grangettes - photo : Claudia Hischenhuber
Le cercle orbiculaire est peu visible. Notez la forme pointue du bec et l’absence de sourcil contrasté qui excluent le Grand Gravelot.

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula)

Apparence plus ronde que le Petit Gravelot. Le bec est plus court et peut être encore bicolore en hiver, mais beaucoup moins contrasté qu’en plumage nuptial. Le masque sombre sur la joue n’est pas pointu mais plutôt arrondi. Dans tous les plumages, le sourcil blanc contraste fortement avec le reste de la tête, particulièrement à l'arrière de l’œil.
En vol, la bande alaire blanche qui contraste avec le reste de l’aile sombre est typique et souvent visible, même de loin.

Jeune Grand Gravelot, septembre 2020, Les Grangettes – photo : Claudia Hischenhuber
Notez la forme du bec, le sourcil clair et l’allure rondouillarde. Son dos encore écailleux indique qu'il s'agit d'un jeune en plumage juvénile.

 

AUTRES ESPECES DE PETITS LIMICOLES

Tournepierre à collier (Arenaria interpres)

Limicole trapu au bec sombre et conique. Les pattes sont orange, le dos est sombre en hiver. Le plastron sombre contraste fortement avec le ventre blanc.
En vol, les barres alaires, le dos et la base de la queue sont blancs et contrastent énormément avec le reste de l’oiseau qui est sombre. Ce pattern lui confère un “aspect pie” caractéristique de l’espèce.

Tournepierre à collier, janvier 2020, Hollande – photo : Jérémy Gremion

Chevalier guignette (Actitis hypoleucos)

Limicole très allongé, la queue dépasse largement le bout des ailes fermées. Les pattes sont assez courtes et verdâtres. Le ventre est blanc et le dos et le poitrail sont bruns. Le blanc du ventre remonte sur l’épaule créant une virgule blanche caractéristique de l’espèce (attention toutefois au Bécasseau de Temminck). Le Guignette possède également un sourcil réduit et un cercle orbiculaire blanc.
En vol, de larges barres alaires blanches contrastent avec le dos et la queue brune. Seules les rectrices externes (plumes les plus extérieures de la queue) sont blanches.
À noter que le comportement de l’espèce est également un bon indice : le Chevalier guignette hoche très régulièrement la queue, rappelant la Bergeronnette grise.

Chevalier guignette – photo : Christian Fosserat
Le blanc du ventre qui remonte sur l’épaule est un critère visible de loin !

Les cris sont également un excellent moyen d’identification et de détection. Nous ne les avons pas abordés ici mais nous vous invitons à consulter le site https://www.xeno-canto.org.

Nous profitons également de remercier Claudia Hischenhuber et Christian Fosserat pour la mise à disposition et la qualité de leurs images.

En espérant que ces quelques lignes seront utiles, nous vous encourageons à transmettre vos observations sur les plateformes usuelles faunegeneve.ch ou ornitho.ch.

Merci et bonnes observations !

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