Teppes, Moulin-de-Vert et Vallon de l’Allondon

Russin, Dardagny, Cartigny GE, 489-490/115-117, 360 m

 

La région des Teppes, du Moulin-de-Vert et de l’Allondon est l’une des plus riches du bassin genevois en matière de faune et de flore. Ajoutez-y le périmètre protégé des rives du Rhône, le barrage de Verbois et les réserves forestières du bois de Chancy : vous obtiendrez la plus vaste zone protégée du canton !

Le Moulin-de-Vert

Le Moulin-de-Vert est une zone alluviale d’importance nationale qui figure sur de nombreux inventaires : Inventaire fédéral du paysage, site d’importance nationale pour les batraciens, site Ramsar et site OROEM ! Ancien méandre du Rhône, dont le cours a été rectifié en 1940 suite à la construction du barrage de Verbois, cette zone alluviale de 28 hectares a été mise sous protection en 1970. Son microclimat particulier lui vaut d’être l’une des régions abritant la plus grande diversité d’oiseaux nicheurs du canton.

Outre les nombreuses espèces d’orchidées, la Cistude d’Europe (notre unique tortue indigène), trois espèces de lézards, cinq de serpents, plusieurs batraciens et de nombreux mammifères et insectes, le Moulin-de-Vert offre un habitat favorable à la nidification d’oiseaux peu communs. Parmi ceux-ci, on compte le Torcol, la Tourterelle des bois, la Rousserolle effarvatte, le Rossignol, l’Hypolaïs polyglotte, la Pie-grièche écorcheur, le Loriot, la Linotte, la Chouette hulotte, le Coucou gris, le Tarier pâtre et bien d’autres encore. Le Hobereau niche aussi dans les bois alentour et vient chasser les hirondelles et les libellules au-dessus de la réserve.

L’hiver n’est pas la meilleure saison pour visiter le Moulin-de-Vert. Certains oiseaux intéressants fréquentent tout de même le site : Martin-pêcheur, Nette rousse, Sarcelle d’hiver, ou encore Chevalier guignette, Grande Aigrette et parfois même le discret Butor. En période de migration, en plus d’être animée par les divers chants des nicheurs, la réserve accueille quelques espèces de limicoles qui se nourrissent sur les îles de l’étang Hainard et de l’étang des Isles : Petit Gravelot, Chevalier culblanc et occasionnellement Chevalier aboyeur. De nombreux passereaux font escale au Moulin-de-Vert, comme les Gobemouches noir et gris, et avec un peu de chance vous trouverez peut-être un groupe de Rémiz. Chez les hérons, le Pourpré, le Bihoreau et l’Aigrette garzette sont vus chaque année, le Crabier chevelu plus rarement.

Le vallon de l’Allondon

Avec ses 5km de longueur dans sa partie genevoise, le vallon de l’Allondon est l’une des plus vastes zones naturelles du canton. L’Allondon, qui prend sa source dans le Jura français, est une rivière à caractère torrentiel et dont le débit est très variable : important au printemps, il peut devenir si faible au gros de l’été qu’il ne laisse plus qu’un mince filet d’eau. C’est l’une des rares rivières encore libres, dont les méandres sinueux se forment entre les plages caillouteuses. La chaleur qui s’en dégage en été contribue, avec l’orientation même du vallon qui le protège de la bise, à créer un microclimat de type méditerranéen.

La faune y est très riche, avec de nombreuses espèces de mammifères, de reptiles (dont six espèces de serpents) et d’amphibiens... sans compter les oiseaux ! La flore est elle aussi remarquable : la seule famille des orchidées, par exemple, est représentée par une vingtaine d’espèces dans les prairies sèches que l’on nomme ici «garides». Le vallon de l’Allondon a été relativement préservé au fil du temps de l’affluence croissante des citadins en mal de verdure. Classé depuis 1952, il a dû attendre 1968 pour être reconnu comme zone protégée. Le périmètre de protection englobe aujourd’hui 130 hectares et le site connaît un peu plus de calme suite à l’aménagement d’un camping en amont de Malval, ce qui a permis de concentrer les campeurs et pique-niqueurs dans une zone moins fragile. Néanmoins, la zone alluviale n’étant pas classée en réserve naturelle, la pression des nombreux promeneurs et baigneurs est très importante. Il est donc primordial, lors de votre visite sur le site, de rester impérativement sur les chemins officiels et de respecter ces habitats de qualité.

En période de nidification, le Martin-pêcheur s’installe sur une berge dégagée et quelques couples de Cincle plongeur occupent la rivière. La Bergeronnette des ruisseaux niche en petit nombre. Les seuls canards qui nichent ici sont le Colvert et le Harle bièvre. Quelques Petits Gravelots sont parfois observés au printemps, mais sans aucune nidification réussie à ce jour : malgré les mises à ban, les dérangements sont trop fréquents. Les bois abritent Pouillots véloces, fitis et siffleurs, particulièrement sur le haut du vallon pour ce dernier, où il atteint des densités importantes. Plusieurs espèces de mésanges ainsi que la Fauvette à tête noire, le Rossignol et la Grive musicienne sont des nicheurs communs. Le Grosbec et le Gobemouche gris sont présents, mais discrets. Les proches bois de la Roulave hébergent également le Loriot, qui y atteint de bonnes densités. En milieu plus ouvert, on trouve quelques Bruants jaunes et zizis (moins fréquents) ainsi que quelques couples de Rougequeue à front blanc. Un ou deux chanteurs de Torcols sont présents chaque année. Parmi les rapaces, le Milan noir se cantonne essentiellement sur le tronçon aval de l’Allondon, proche du Rhône. L’Autour et l’Épervier sont des nicheurs probables et la Chouette hulotte est également présente sur le haut du vallon.

En période de migration, on peut observer les Chevaliers culblanc et guignette, la Huppe, le Torcol, ainsi que de très nombreux passereaux, dont parfois des jolies quantités de gobemouches chassant au-dessus du cours d’eau. L’hiver n’est pas la meilleure saison, mais le Cincle, le Héron cendré et les Bergeronnettes des ruisseaux animent encore la rivière, tandis que l’Accenteur mouchet se cache dans les ronciers. Plusieurs observations de Bruant fou laissent supposer que ce dernier hiverne régulièrement sur le site. Il est commun de voir des groupes de Pinsons, Tarins, Verdiers et Grosbecs aux alentours du site. Enfin, le Pic mar se manifeste parfois dans les chênaies.

Si le site mérite d’être parcouru et admiré en toute saison, évitez si possible les belles journées d’été ; l’endroit est alors très fréquenté.

Les Teppes

Ce site, situé en face du Moulin-de-Vert et bordé par le Rhône, est formé de friches arbustives, d’étangs, de prairies sèches, de haies, d’anciennes gravières et de petits bosquets : un milieu diversifié qu’on ne trouve plus ailleurs dans le canton. L’ensemble du site a été transformé suite à un plan de revitalisation terminé en 2001 ; quatre étangs ont été créés. L’un d’entre eux est consacré à la pêche et les trois autres à la nature. Quatre observatoires permettent d’entrer dans l’intimité de ces points d’eau et d’observer canards, limicoles et ardéidés se nourrir devant nos yeux.

Les meilleures périodes pour visiter les Teppes sont sans aucun doute le printemps et l’automne, saisons auxquelles de nombreux oiseaux font escale. Plusieurs espèces de limicoles se nourrissent au bord de l’eau : Chevaliers culblanc et guignette, Petit Gravelot, Bécassine des marais et Vanneau huppé, plus rarement l’Échasse. Les buissons sont animés par la présence des deux espèces de gobemouches, le Pipit des arbres, les Pouillots fitis, siffleur et véloce, occasionnellement les Fauvettes des jardins et babillarde. La Fauvette passerinette y a même été observée au printemps 2016 ! Les étangs attirent aussi Rémiz et Rousserolles turdoïdes. Les ardéidés font volontiers escale au bord des points d’eau : le Héron pourpré, l’Aigrette garzette, la Grande Aigrette sont tous des migrateurs fréquents au site. La Marouette ponctuée est parfois vue depuis l’observatoire le plus en aval (étang Maurice Blanchet), en compagnie de Râles présents toute l’année. Le Busard des roseaux et le Balbuzard s’arrêtent assez régulièrement chasser au-dessus des étangs, permettant de réaliser de belles observations à faible distance. Les points d’eau peuvent également abriter des migrateurs peu communs, comme le Crabier chevelu et la Gorgebleue.

En période de nidification, les lieux sont occupés par les bruyantes familles de Rousserolles effarvattes et d’anatidés. Comme nicheurs intéressants, on pourra citer le Blongios nain, le Râle, les Grèbes huppé et castagneux ainsi que la Poule-d’eau. Dans la forêt toute proche, les mêmes espèces que dans le vallon de l’Allondon y établissent leur nid. La Pie-grièche écorcheur, le Tarier pâtre, l’Hypolaïs polyglotte nichent dans la partie plus dégagée et sèche des Teppes. Les Bruants jaune et zizi ainsi que le Torcol sont souvent entendus encore tard dans la saison.

L’hiver rend les Teppes plutôt calmes. Sur les plans d’eau, des Canards chipeau, souchet et siffleur font la navette jusqu’au barrage de Verbois tout proche. Le Martin-pêcheur se pose souvent à faible distance de l’observatoire Maurice Blanchet. La Grande Aigrette est aussi fréquemment présente (facilement observable depuis l’étang Jacques Burnier), tout comme le Butor, qui se fait plus discret. Par basse température, l’eau gèle et les oiseaux se retrouvent sur la glace, permettant de belles observations. La Bécassine des marais atteint parfois une dizaine d’individus, souvent accompagnés de Râles. L’Épervier et l’Autour sont parfois de passage, se posant alors dans les arbres bordant le plan d’eau.

Accès

De manière générale, un passage au Moulin-de-Vert, au vallon de l’Allondon ou aux Teppes se combine facilement entre eux, ou avec le barrage de Verbois, tout proche.

Moulin-de-Vert
Accessible en bus, depuis l’arrêt «Aire-la-Ville». L’accès au Moulin-de-Vert nécessite cependant une petite marche, en empruntant le Chemin du Moulin-de-Vert. En voiture, il est possible de se stationner en aval du barrage de Verbois. Pour accéder au Moulin-de-Vert, il vous faudra longer le Rhône en passant par le chemin d’accès, chemin au bord duquel les serpents et lézards sont souvent observés. De la même manière que le vallon de l’Allondon, le site est très fréquenté en été et au printemps, possédant des places de grillades. Prévoyez dans ce cas de venir tôt le matin.

Vallon de l’Allondon
En train, le vallon de l’Allondon est atteignable grâce au Rhône Express Régional, depuis la gare Cornavin. Descendez à l’arrêt «La Plaine» (terminus) et retournez 700m sur vos pas jusqu’au pont ferroviaire, où il vous faudra continuer tout droit, en longeant la rivière. Depuis là, vous pourrez prendre le chemin qui remonte le cours d’eau par sa rive gauche. En voiture ou en vélo, traverser le village de Russin (en venant depuis Satigny ou Verbois) en direction de Dardagny et laisser votre véhicule au parking vers le pont ferroviaire.

Les Teppes
Comme le vallon de l’Allondon, le site est également accessible grâce au train régional. Descendez à l’arrêt «Russin» et prenez le chemin en direction du bord du Rhône pour accéder aux étangs. Depuis là, vous pouvez également visiter les Teppes du Biolay. En vélo et en voiture, même chemin que pour le barrage de Verbois, il faut juste traverser le barrage et ensuite prendre la première route à gauche et laisser la voiture au parking. Le reste du parcours se fait à pied. Il est également possible d’accéder aux Teppes de la même façon que pour se rendre au vallon de l’Allondon, il vous faudra juste prendre le sentier longeant le Rhône après avoir traversé l’Allondon et vous atteindrez vite les premiers observatoires.


D’après ©Les Bons Coins ornithologiques de Suisse Romande 2021 - Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux
Texte de Alexandre Meisser (adapté de Cyril Schönbächler & Martina Stierlin)

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